Maçonné dans le mur extérieur d’un couvent ou d’un établissement d’assistance, il permettait, par un système de rotation, faire passer l’enfant du monde extérieur à celui de l’assistance (c'est-à-dire un orphelinat ou hospice pour enfant « trouvés »). Au 19e siècle l’abandon était une pratique courante car les moyens de la contraception n’étaient pas aussi bien compris et acceptés qu’aujourd'hui et la grande pauvreté de nombreuses femmes en ville les empêchait d’offrir une vie descente à leur progéniture. Le tour d’abandon a été considéré comme un grand progrès pour sauver ces jeunes vies. Les filles-mères et les mères en général avaient peur d’être sévèrement jugées ou qu’on essaierait de les dissuader si elles se présentaient en personne pour abandonner leur enfant dans un hospice. Aussi elles se résignaient souvent à « exposer » anonymement l’enfant dans la rue, sur le trottoir – c’est sa mort assurée – voire pire. Le tour d’abandon, par son tambour aveugle et son système de rotation, permet à la mère de déposer l’enfant dans l’hospice à toute heure du jour et de la nuit (pas d’horaires d’ouverture, qui exposent nécessairement les mères) sans rencontrer personne, sans même entrer dans le couvent ou l’hospice. Le tour n’enlève rien au drame qu’est l’abandon, mais il voulait au moins sauver des vies humaines (et sans doute il l’a fait).
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