Émile Bernard avait certainement vu les baigneuses traitées par Cézanne quand il réalisa ce sujet, car son influence y est manifeste. D’ailleurs, en 1891, il écrit un essai sur Cézanne publié dans la revue Les hommes d’aujourd’hui. Dans ce tableau évoquant Les Trois Grâces, la composition géométrique des nus relève de l’esthétique cézannienne ainsi que les larges touches de pâte colorée, posées côte à côte, qui structurent l’oeuvre. La végétation est construite dans le même esprit synthétiste avec une économie de moyens qui témoigne d’une volonté simplificatrice. Les figures allongées aux petites têtes précieuses, les attitudes maniéristes des personnages appartiennent en propre à Bernard. C’est aussi le cas pour le parti pris décoratif que le peintre adopte et qui se révèle dans les titres qu’il donne à ses toiles et inscrits dans son inventaire manuscrit comme « Allégorie rythmique-femmes nues » (1891).