Acquis en 2016, suite à une souscription publique, cet ensemble exceptionnel de Gustave Caillebotte constitue une rareté dans la production impressionniste de l’époque. Longtemps roulé, puis partiellement découpé, le décor fut d’abord présenté en quatre parties séparées. Les études récentes et la restauration ont pu rendre justice à cette réalisation très personnelle de l’artiste et réintégrer le tout comme il devait l’être à l’origine.
Au Petit-Gennevilliers Caillebotte s’adonne à sa double passion : la voile et le jardinage. Cet ensemble illustre le décor qu’il entreprit en 1893 pour la salle à manger de sa propriété
du Petit-Gennevilliers. « Le Parterre de marguerites » était inachevé à la mort de l’artiste. Créant un décor immersif, Caillebotte avait prévu une toile marouflée, représentant une prairie parsemée de ces fleurs jaillissant de l’herbe verte. Les portes étaient peintes d’orchidées. Comme pour son ami Claude Monet, la nature devait entrer en résonance avec la peinture, et le jardin faisait partie de son horizon intime et artistique. La grande liberté de touche, le mouvement incliné qui fait souffler une légère brise de la partie gauche à la partie droite de l’ensemble devaient donner une parfaite illusion d’optique et plonger le spectateur dans un univers onirique et champêtre, et rendre justice à la modernité de Caillebotte.
Cyrille Sciama