Masque sarde de boe (boeuf)

Ce masque monoxyle (fabriqué dans un seul morceau de bois) a été sculpté pour le carnaval d’Ottana, en Sardaigne, pour jouer le personnage du boe, le bœuf. A Ottana, tous les dimanches de la Saint Antoine (le 17 janvier) au mercredi des cendres, on joue la mascarade de la domestication des boes, les bœufs, par les merdules, les maîtres. Les premiers sont des animaux à moitié sauvages, qui échappent à leurs maîtres mais finissent par être rattrapés, ligotés et tondus. De nombreux carnavals jouent des scènes de dressage d’animaux, qui symbolisent la victoire de la civilisation sur le sauvage, de l’ordre sur le désordre. Le carnaval, fête hivernale, est aussi une célébration des forces endormies de la nature qui appelle le retour du printemps. Il est toujours vécu comme une fête du renouveau. Bien des mascarades comme celle des boes et des merdules rejouent le commencement, les scènes originelles du premier labour ou de la domestication des animaux. Elles contribuent ainsi à refonder le monde à un moment de transition entre deux années et deux cycles agraires.
Depuis la fin du XXe siècle, les carnavals connaissent une vigueur renouvelée et une grande popularité parmi ceux qui les jouent et ceux qui y assistent, en venant parfois de loin. Les artisans et amateurs qui fabriquent les masques et les costumes répondent à cet engouement par des créations toujours plus exubérantes et majestueuses, comme en témoigne ce masque de boe. Les exemplaires les plus anciens ont des cornes droites et de petites dimensions, tandis que celui-ci illustre le goût actuel pour des cornes de plus en plus grandes.