Lors de la Première Guerre mondiale, l'usage sans précédent de l'artillerie sur le champ de bataille entraîne une forte hausse des blessés par éclats d'obus, notamment à la tête (environ trois quart des blessures). Pour parer à ce problème, les armées de tous les pays développent des défenses de tête. En effet à l'entrée en guerre, la France ne dispose que du képi modèle 1884 pour coiffer ses soldats. Elle adopte ensuite une calotte métallique à insérer sous le képi, appelée également la cervelière, puis le casque Adrian modèle 1915. En Allemagne, les casques à pointe de cuir bouilli, de feutre ou de liège ne protègent pas la tête tout comme le képi français. Il est alors décidé de mettre au point un casque offrant une protection optimale.
Après de nombreux mois d'études tout au long de l'année 1915, le capitaine Friedrich Schwerd et le chirurgien August Bier proposent un prototype moderne et efficace : un casque d'acier qu'ils estiment avoir une protection semblable voire meilleure que celle assurée par le casque Adrian. Suite à des essais balistiques sur près de 400 casques, l'état-major publie une note officielle qui lance la production du casque d'acier (Stahlhelm) modèle 1916 pour équiper l'ensemble de l'armée allemande. Il est produit en cinq tailles différentes de bombe et de coiffe de cuir. Début 1916, pour parer au plus urgent, 30 000 casques sont livrés à la 5e armée, engagée à Verdun, et à la 6e armée, sur le front de la Somme. Jusqu'à la fin de la guerre, environ 7 500 000 de casques modèle 1916 ont été produits.
Le Stahlhelm modèle 1916 est composé d'une bombe emboutie en neuf étapes, d'une seule pièce, dans une feuille d'acier au chrome et au nickel de 1,2 mm d'épaisseur. L'alliage utilisé s'avère particulièrement résistant. En comparaison, le casque Adrian est un assemblage de trois pièces de tôle emboutie de 0,7 mm d'épaisseur. La forme du casque est étudiée pour assurer une protection complète : il présente un profil original, assez haut avec un couvre-nuque prolongé jusqu'à recouvrir les tempes tandis qu'une visière s'étend à l'avant du casque. Ainsi, le crâne, le cou, le front, les tempes et les yeux sont en théorie protégés. Deux tourillons, de part et d'autre du casque, servent de support pour apposer une plaque de blindage (Stirnpanzer) supplémentaire en acier trempé de 6 mm d'épaisseur à l'avant du casque. Ce type de protection est utilisé par les guetteurs qui risquent leur tête au-dessus des parapets des tranchées. Ces tourillons creux assurent également l'aération du casque.
Suivant une note sur le camouflage du 7 juillet 1918, signée par le général Ludendorff, chef d'Etat-major de l'armée allemande, ce casque est camouflé avec trois tons de peinture (jaune-ocre, vert et marron) en fonction du terrain et de la végétation. Les grandes taches anguleuses de peinture séparées par un filet de peinture noire, dont les formes rappellent celles utilisées dans le cubisme, permettent ainsi de briser la silhouette du casque et de dissimuler le combattant.
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