Casque US M1 de chef d'escadron du 67e régiment d'artillerie d'Afrique Vue de trois-quart

En 1941, l’US Army adopte un nouveau casque en remplacement de l’ancien casque M1917A1, copié sur le casque anglais de la Première Guerre mondiale. Ce casque de fabrication révolutionnaire, dont la production est confiée aux sociétés McCord et Schlueter (à partir de 1943), est composé d’une bombe de taille unique, formée dans une feuille d’acier emboutie à froid, et d’un Liner, littéralement « doublure », ou sous-casque en fibre compressée (comme sur cet exemplaire) puis en matériau composite. Chaque élément dispose d’une jugulaire, en cuir pour le Liner et en coton pour le casque. Une fois en dotation, chaque unité peint souvent son insigne sur le devant ou le côté du casque et des marques de grade sont souvent reportées sur le casque.
Attibué à un officier français, ce casque US M1 porte son grade peint sur le devant (4 barrettes jaunes sur fond noir) et, de chaque côté du casque, un drapeau, dit 'drapeau consulaire' adopté en 1804 (modèle Challiot), composé d’un rectangle dans lequel s’inscrit un losange blanc encadré par les couleurs bleues et rouges. Ce grade et ces drapeaux sont peints de manière identique sur le sous-casque (Liner, Plastic, M1).
Ce casque US M1 a appartenu au chef d'escadron Louis Pradier. Né à Beaucaire le 22 février 1900, le capitaine Pradier est mobilisé le 2 septembre 1939 à la tête de la 18e batterie du 205e régiment d'artillerie lourde divisionnaire. Il commande ensuite le 6e groupe d'artillerie pendant la campagne de France et se distingue les 6, 7 et 8 juin 1940 dans la Somme sous de violents bombardements ennemis. En novembre 1940, il est affecté au 67e régiment d'artillerie d'Afrique (RAA). Le 1er mars 1942, il est muté à l'escadron hors rang comme capitaine adjoint au lieutenant-colonel. Après le 8 novembre 1942, il participe à la campagne de Tunisie où il est cité à l'ordre de la brigade : « Officier de haute valeur militaire. Toujours prêt à remplir les missions qui peuvent lui être confiées. A été pour son chef de corps un précieux auxiliaire au cours des opérations de Tunisie et en particulier devant Pichon en avril et Zaghouan en mai 1943 où il a accompli différentes missions auprès des groupes et des batteries ». Il est nommé chef d'escadron à titre temporaire, le 25 juin 1943, et affecté à l'état-major de l'artillerie divisionnaire de la 3e division d'infanterie algérienne. Le 22 décembre 1943, il embarque à Bizerte sur le Liberty ship Samuel Ashe et débarque à Naples une semaine plus tard. En février 1944, il succède au chef d'escadron Clappier, tué à l'ennemi, à la tête du 1er groupe du 67e RAA, équipé d’obusiers US HM2 de 105 mm. Le 21 mars 1944, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur pour faits de guerre : « Excellent officier animé du plus bel esprit de sacrifice. Adjoint à un commandant de groupement d'appui direct au cours des opérations de Monna Casale le 12 janvier 1944 et du Belvédère le 25 janvier 1944, a participé à toutes les reconnaissances et aux liaisons avec l'infanterie permettant d'obtenir le rendement maximum de cette artillerie ». Le 11 mai, il prend part à la rupture de la ligne Gustav et progresse vers le nord à travers les montagnes jusqu’à Rome (juin 1944) et Sienne (3 juillet 1944). Le 5 août, il embarque à Tarente et débarque à Saint-Tropez le 21 août. Après les combats pour la libération de Marseille, son groupe d’artillerie combat dans le Jura et dans les Vosges avant d’atteindre la plaine d’Alsace au début de l’année 1945. Le chef d’escadron Pradier quitte le 67e RAA, le 1er avril 1945, et prend le commandement du 3e groupe du 11e régiment d’artillerie jusqu’à la fin de la guerre.