La pratique artistique de Camille Corot renouvelle au milieu du XIXe siècle la représentation du paysage. S'il affectionne l'Italie où il séjourne à plusieurs reprises, il n'en demeure pas moins attaché aux paysages français qu'il peint tout au long de sa carrière, au fil de ses voyages. La famille de l'artiste étant originaire du Morvan, il se rend à plusieurs reprises dans les années 1840 dans cette région, qui lui offre le sujet de près de quinze tableaux, dont celui-ci, daté de l'été 1842.
Le site décrit ne présente aucun caractère pittoresque mais s'impose comme la vue d'une campagne paisible, animée par deux paysans occupés à faire les blés. La palette très subtile explore une large gamme de verts et présente une douceur en accord avec le sujet. Les tons profonds, comme cernés de gris, annoncent son évolution ultérieure dans ses dernières années.
La lumière chaude d'été, sans être trop crue, évoque encore les paysages italiens du peintre comme les vues de Volterra réalisées peu auparavant (Paris, musée du Louvre). La facture libérée témoigne de l'influence grandissante sur son art des études d'après nature, qui de simples exercices sont devenues peu à peu de véritables œuvres répondant à un goût des amateurs. Baudelaire développe à propos de Corot la distinction entre un tableau "fait" et "fini" dans son "Salon de 1846" pour justifier cette liberté nouvelle qui s'écarte de la tradition classique.