Claude Monet effectue plusieurs séjours à Londres entre 1899 et 1905. Reprenant le principe de la série, à savoir représenter un même motif à plusieurs moments de la journée et sous différentes lumières, initié en 1893 avec son travail sur les Meules, puis expérimenté à nouveau autour du motif de la façade de la cathédrale de Rouen, il conçoit alors six tableaux inspirés par la vue plongeante sur la Tamise qui s’offre à lui depuis sa chambre au Savoy Hotel, dont celui-ci.
À travers l’épais brouillard londonien se distingue au premier plan le pont ferroviaire de Charing Cross, sur lequel un panache de fumée marque le passage d’un train. À l’arrière-plan apparaît la silhouette presque fantomatique du Parlement émergeant de la brume. L’étude de la lumière et des variations atmosphériques s’impose plus que jamais comme la ligne directrice du travail de Monet au début du XXe siècle. Son attention se porte tout particulièrement à Londres sur la traduction du brouillard et la façon dont celui-ci laisse transparaître les effets du soleil. Il les traduit ici par une richesse chromatique exceptionnelle, abordant dans sa touche une multiplicité de tons parfois très audacieuse.
Cette série londonienne est exposée en 1904 à la galerie Durand-Ruel à Paris et remporte aussitôt les suffrages de la critique.