Dans les années 1840, Clausen, un faubourg situé sur l'Alzette, est un microcosme des bouleversements sociaux et économiques au Luxembourg : un lieu où développement industriel, inégalités sociales et initiatives caritatives se mêlent étroitement. Les brasseries, ganteries et tabatières offrent du travail à une population ouvrière souvent plongée dans la pauvreté. Les salaires sont bas : une ouvrière de la ganterie gagne en 1845 seulement 0,60 franc par jour. Les journées de travail durent souvent entre 12 et 16 heures, et ces revenus suffisent à peine à faire face à la hausse des prix alimentaires. Beaucoup d'habitants doivent compléter leurs revenus par du travail à domicile. Au-dessus des ruines de l'ancienne résidence Mansfeld vivent Marie-Catherine Wurth-de la Chapelle et son époux, Jean-Philippe-Christophe Wurth, propriétaire d’une fabrique de mercerie à Clausen. En 1843, cette fervente catholique fonde dans sa maison une école de travail pour les jeunes filles de la classe ouvrière. L'école propose une formation professionnelle basique et une éducation morale et religieuse. Cette initiative vise à réduire la misère sociale tout en reflétant le contrôle paternaliste des élites. La situation géographique et la structure économique de Clausen en font un lieu central pour le mouvement ouvrier. Le 26 avril 1848, des ouvriers et artisans de Clausen et du Grund se rassemblent dans le jardin Hess, un espace vert situé entre les deux quartiers, qui sert de point de rencontre naturel. Sous la direction du jeune avocat Charles André, ils revendiquent des réformes politiques et sociales : droit de vote pour tous les hommes de plus de 21 ans, limitation des heures de travail et salaire minimum. La réunion rassemble également des notables francs-maçons et catholiques, unis par leurs critiques sur la légitimité de l'Assemblée constituante.
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