Petit-fils d’un pasteur cévenol et fils de tanneur, très jeune avec sa famille il va vivre au domaine du Mas de Martin à Graveson. Il entre à quinze ans à l’École des Beaux-arts d’Avignon et devient l’élève de Pierre Grivolas pour lequel il garda toute sa vie une grande vénération : « Devenu professeur, [Grivolas] s’appliqua à mettre d’accord chez ses élèves, spontanéité et réflexion sans brider leurs idées. Il les invitait à suivre leur pente naturelle. Chaque élève devenait capable d’être soi-même (…) ». A cette époque là, il rencontre Seyssaud avec lequel il lie une grande amitié. A Paris, il va suivre les cours de Fernand Cormon, ceux des académies Julian et Carrière. La capitale lui inspire des sujets industriels et urbains. Ne pouvant subvenir à ses
moyens, il embarque sur un cargo de la ligne d’Afrique, puis fait son service militaire en Tunisie de 1903 à 1906. Après la lumière de Provence, il est éblouit par celle des pays du Maghreb. Il va intensifier dans ses oeuvres les couleurs et la lumière qui l’apparente au fauvisme. Après une nouvelle étape à Paris, il s’installe au mas familial qu’il va gérer. Il ne le quittera qu’exceptionnellement. Marié en 1922, il aura quatre garçons et quatre filles. Sa vie artistique fut scandée par des expositions dont celle en 1913 de l’Armory Show à New York qui regroupait l’avantgarde picturale internationale.
Chabaud fut un novateur. « Dans notre génération, Chabaud a été le premier de tous les coloristes » disait de lui son ami Seyssaud. Dans l’oeuvre Collines, femmes en vue de leur village, qui résume une grande partie de son style, il témoigne d’un sens superbe de la ligne, ligne des deux collines qui se répondent, lignes des tracés du chemin. La mise en page est inattendue, les formes, paysage, silhouettes des femmes, maisons, sont stylisées et cernés d’un trait noir, les couleurs travaillées en larges aplats s’opposent, tout en jouant avec les détails : le bleu du ciel répond au bleu du tablier de la paysanne qui répond au bleu des montagnes qui ferment l’horizon. Il a crée un nouveau langage pictural qui reste figuratif mais en rupture avec une vision naturaliste.