On ne connaît pas l'auteur de ce panneau trouvé à l'Astor qui représente saint Augustin en train de lire dans son cabinet de travail. Au fond du panneau, à travers l'ouverture d'une porte, on voit le saint qui marche au bord de la mer. La scène fait référence à l'une des visions qu'eut le saint évêque d'Hippone alors qu'il essayait de comprendre le mystère de la Trinité. L'Enfant Jésus lui apparut accroupi, Il tentait de vider la mer dans un trou fait dans le sable. Alors que saint Augustin Lui disait qu'il ne réussirait jamais, l'Enfant lui répondit qu'il y arriverait avant que lui-même ne soit parvenu à comprendre le mystère de l'essence de Dieu. Au premier plan, on voit le saint assis en train de lire le livre des Saintes Écritures qui est ouvert sur son 'scriptorium' en bois où se trouve aussi le sablier, symbole de la fuite du temps et de la caducité des choses terrestres. Cette iconographie de saint Augustin qui travaille dans son 'studiolo', de même que celle de saint Jérôme, est un symbole de la vanité. Il s'est abondamment propagé au cours de l'antiquité tardive et fut repris plus tard dans l'art italien du quatorzième siècle et plus particulièrement pendant le quinzième siècle, ce qui correspond à la revalorisation de l'étude des auteurs classiques encouragée par la nouvelle culture humaniste de la Renaissance. Malgré l'ambiance gothique qui règne sur la scène, nous nous trouvons en présence d'une oeuvre de la seconde moitié du XVe siècle qui a déjà assimilé le style épris de détails de la tradition flamande propre à Jaume Huguet.