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Demi-armure, vers 1630 Vue de face

Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides

Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Paris, France

La construction de cette armure témoigne des particularités techniques propres aux harnois français du premier tiers du XVIIe siècle. Le plastron de renfort a subsisté ; les longs cuissards articulés de dix-huit lames se séparent au-dessus des genouillères et sont retenus à la braconnière par des rivets et des écrous à larges pavillons ; la saignée des bras est garnie de lames ou « mouvements » s'appuyant sur des ailerons de dimensions réduites ; le timbre de l'armet est complété de deux renforts internes ; un chanfrein fait suite à l'armure.
L'ensemble du décor est composé de bandes obliques qui convergent vers la pointe et présentent alternativement un fond bleui gravé de rinceaux et un champ doré où s'enlèvent des trophées et la répétition d'un chiffre. Cette typologie et ce décor permettent de classer cette armure dans un important groupe de pièces d'origine française dont l'unité stylistique s'établit sur l'utilisation et la répétition, à l'ensemble de l'armure, de motifs simulant des trophées des cordelières et des rinceaux floraux (G 95 - G 107 - G 108 - 547 PO du musée de l'Armée, n° 1471 du musée des Beaux-Arts de Dijon, 14.25.618 du Metropolitan Museum of Art de New-York, L 677 des collections de Windsor, qui paraissent pouvoir se regrouper dans l'espace d'une même production circonscrite à quelques ateliers français).
Le rédacteur de la notice de l'Inventaire interprète les lettres tracées en capitales romaines et répété à onze reprises sur l'ensemble du décor (au centre du plastron, de son renfort, de la dossière, aux défenses de bras), comme la réunion des lettres « P » et « V » pour justifier de l'absurde rapprochement de ce harnois du XVIIe siècle avec Philippe de Valois, souverain du XIVe siècle. Ce type de chiffre à l'interprétation souvent malaisée, qui entre également dans l'ornementation du costume civil d'apparat, n'est pas rare en France sur les armures de la seconde moitié du XVIe et du début du XVIIe siècle, il s'identifie avec les « chiffres énigmatiques » de l'époque, constitués de lettres à bâtons rompus, habituellement doublées, pour en faciliter la lecture dans les deux sens.
Un examen plus attentif permet de déceler la répétition de la lettre « R » associée à deux « A » inversés ; l'absence de la barre médiane sur le « A » est alors courante. Une telle analyse conduit au rapprochement de ces chiffres avec ceux figurant, à maintes reprises, sur des oeuvres en rapport avec le cardinal de Richelieu (1585-1642). Ainsi, sur une estampe allégorique intitulée « Planche gravée à la gloire du Roi et du Cardinal de Richelieu sur l'heureux succès de leurs armes en 1632 », qui représente en son centre Louis XIII à l'antique brandissant une rondache ornée d'un portrait du cardinal, les putti à l'entour soutiennent et tracent le chiffre réunissant le « A » et les deux « R », et une longue inscription apologique en latin, signée de Laurent Brisacier, complète l'ensemble gravé par Michel Lasne. Un monogramme similaire, placé en alternance avec les armes de Richelieu, figure à la base du tombeau du cardinal dans la chapelle de la Sorbonne.
Le « fermesse », « S » barré, expression d'une notion de la fidélité comprise dans toutes ses exigences, doit également être ressorti de ce riche décor. Henri IV avait auparavant largement utilisé ce symbole sur sa correspondance privée et Louis XIII le fit même graver sur son cachet.
Des représentations du trident et de fleurs de lys parsèment également la demi-armure ; le rapprochement s'impose entre ce motif et ceux de l'ancre et du dauphin figurant dans le décor de l'arquebuse aux armes du cardinal [musée de l'Armée, inv. M 37, N° 169 de l'Inventaire], emblèmes parlants de la charge de Surintendant général de la navigation (1627). Au centre des flammes des trompettes qu'embouchent les Renommées allégoriques accolées au cartouche gravé à l'encolure du plastron, se distinguent trois fleurs de lys, rappelées aussi, sans ordre et en moindre quantité, au renfort du plastron et de la dossière. Elles évoquent, dans la symbolique militaire, les hautes charges de ceux auxquels était déléguée l'autorité.
La grande figure du ministre de Louis XIII est évoquée, on le sait, sur plusieurs numéros de l'Inventaire de la Couronne ; la présence d'un harnois, venant compléter ses armes, relève du domaine du vraisemblable.

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  • Title: Demi-armure, vers 1630 Vue de face
  • Date Created: Ca.1630
  • Location Created: France
  • Physical Dimensions: With support: 0,87 (w) x 1,86 (h) x 0,50 (l) m, 47,9 kg
  • Provenance: acquisition date: March 22, 1861 (allocation); previous collection: Collection de la Couronne
  • Subject Keywords: Protection, Ornament, Gilding
  • Type: Armet
  • Rights: Photo (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Yves et Nicolas Dubois
  • Medium: Fer, Laiton, Cuir, Textile, Gravé, Doré, Bleui
  • Inventory: 2015.0.462
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