Ce plat (sahan) à décor bleu cobalt et bleu turquoise sur fond crème constitue un jalon essentiel de l'histoire des échanges entre le monde asiatique et le bassin méditerranéen. Sa forme rappelle la vaisselle islamique de cuivre du début du XVe siècle, mais il est contemporain du règne du sultan turc ottoman Soliman le Magnifique (Süleyman Kanuni, 1520-1566). La cour d’Istanbul appréciait tellement la porcelaine bleue et blanche importée de Chine, si précieuse qu’elle était réservée au sultan, que les ateliers d’Iznik ont commencé à produire des pièces s’inspirant des créations orientales. Ne connaissant pas les secrets de la blancheur lumineuse de la porcelaine, ils ont couvert leur pâte siliceuse d’un enduit comportant de l’oxyde d’étain, qui donne à la cuisson un émail blanc, et une glaçure transparente et brillante.
Le décor de ce plat montre aussi l’influence de l’orient, adapté aux goûts des élites ottomanes. Le liseré dit de « vagues et rochers » est inspiré de la céramique chinoise, mais les motifs végétaux stylisés et rayonnant depuis le centre sont typiques du monde islamique. Ce plat témoigne donc du goût des élites méditerranéennes pour les produits de luxe importés via les routes de la soie, qui influence les artisans locaux et les amène à développer de nouvelles techniques.