Pink Turtle
On raconte qu'un groupe de musiciens tomba en
panne sur une route départementale. Ils eurent
la chance d'être hébergés par une vieille dame
retraitée, professeur de piano. Durant le repas, les
sept jazzmen eurent des états d'âme sur leur avenir
musical, s'interrogèrent sur leur galère et comment
se ressourcer. La vieille dame, probablement une fée,
leur dégotta, alors, au fond d'une malle probablement
magique, des partitions d'un groupe méconnu et
disparu, Pink Turtle. A la lecture, nos musiciens furent
emballés. Ils adoptèrent la carapace de la Tortue Rose,
se transformerent en un ensemble swing et excellèrent
dans le détournement de standards consacrés. Du
swing de base, ils accostent maintenant le rock et
la pop, atomisant les compositions des Beatles, des
Rolling Stones, des Moody Blues, d'ACDC et combien
d'autres... Quelle revanche sympathique que ces super
musiciens permettent au jazz, à Basie et à Ellington si
souvent pillés : une véritable récupération à l'envers
dans des arrangements qui font danser !
Gilberto
Gil
Fe Na Festa
Peu de musiciens ont atteint la dimension socio-culturelle
de ce natif de Salvador de Bahia qui, toute sa vie, a su
mener de front une carrière de musicien de premier
plan et un militantisme politique percutant qui, sous
la dictature, l'ont conduit en prison et à la charge de
ministre de la culture sous le président démocrate, Lula.
Après quatre ans de politique au plus haut niveau,
Gilberto Gil s'est retiré pour se consacrer presque
entièrement à la musique ; il demeure ambassadeur
30 de la FAO, organe de l'ONU pour lutter contre la faim
dans le monde.
Avec Fe Na Festa, soirée éponyme du disque sorti il
y a un an, Gilberto Gil s'empare du Biaio. Ce style
émanant, à l'origine du monde rural du Nordeste du
Brésil est au confluent d'influences musicales diverses
venant des peuples amérindiens, africains, indiens,
asiatiques, européens. Cette musique, que l'on retrouve
dans les bals populaires et construite essentiellement
sur la complémentarité accordéon, tambour, triangle,
est attachante et on comprend que Gilberto Gil ait voulu
retourner à la base de sa musique après l'édifiante
épopée de sa vie.
Pink Turtle
Patrick Bacqueville (th, voc), Michel Bonnet (tp, back voc),
Plerre-Louis Cas (s, cl, A, back voc), Christophe Davot (9,
VOC), Jean-Marc Montaut (p, triangle, perc),
Laurent Vanhee (b), Stéphane Roger (dms, voc)
Samuel
Torres
et la Matanga
C'est une belle histoire humaine et musicale que celle
de ce Bolivien, Jaime Salazar, musicien reconnu dans
son pays, qui débarque à Lyon en 2002, étudie au
Conservatoire National, en sort diplômé de saxophone
classique et monte un orchestre de salsa avec une
douzaine de musiciens de la région Rhône-Alpes. En
2005, ils se produisent au Club de Minuit, ici, lors
de la fameuse soirée cubaine avec Ibrahim Ferrer, le
Buena Vista Social Club et Omara Portuondo. Depuis,
ils ont beaucoup bourlingue et joué dans les lieux les
plus divers tout en demeurant l'orchestre latin le plus
festif de notre région. Avec la collaboration de Samuel
Torres, l'orchestre a pris une autre dimension, ce
percussionniste et compositeur, compatriote de Jaime
Salazar, a accompagné durant plusieurs années Arturo
Sandoval avec lequel il a reçu un Grammy Award. Il a
joué avec Tito Puente, Chick Corea, Michael Brecker,
Paquito D'Rivera, Mike Stern et dans plusieurs Big
Bands de salsa...
Mercredi 13 juillet
Al Jarreau
Chanter, tout petit, à l'église de sa paroisse est le
denominateur commun de tous les grands chanteurs
noirs des musiques afro-américaines ; Al Jarreau a
donc fait ses premières classes vocales ainsi. Ce qui
l'est moins ce sont des études de psychologie qui le
conduisent à travailler dans un centre de réhabilitation
et d'être reconnu comme un chanteur important,
tardivement, bien qu'il ait prouvé ses qualités
d'interprètes hors du commun. Ce n'est que vers trente
ans qu'il va émerger et, depuis, il n'a engrangé que des
succès, près d'une centaine d'albums personnels ou
participatifs. Notamment, il est le seul chanteur ayant
obtenu un Grammy Award dans les trois catégories
différentes, Jazz, R&B et Pop, ce qui lui vaudra les
critiques stériles de puristes qui n'ont pas compris
que le jazz est le tremplin de toutes les musiques
contemporaines. Al Jarreau est vraiment un chanteur
de jazz, un grand, il suffit de l'écouter s'envoler en
un swing épatant ou d'entendre défiler ses cascades
d'onomatopées dans la tradition du scat qui lui permet
d'improviser comme un soliste instrumental
Samuel Torres and la Matanga
Samuel Torres (perc), Jaime Salazar (voc), tba (back voc),
Alex Norris (tp), Renaud Gensane (tp), Loic Bachevillier (tb),
Sylvain Thomas (tb), Peter Brainin (tb), Manuel Valera (p),
Ricky Rodriguez (b), Ernesto Simpson (dms),
Luis Viloria (perc)
Trombone
Shorty
& Orleans Avenue
Gamin, Troy Andrews trimballait un saxophone deux
fois grand comme lui lors d'une jazz funeral d'où le
surnom Trombone Shorty que son grand frère lui a
collé et qu'il a gardé.
Un natif de la Nouvelle Orleans, s'il fait de la musique,
plonge obligatoirement dans le jazz et les brass bands
locaux. S'il est doué, il intégre le NOCCA, le New
Orleans Center For Creative Arts dont le département
jazz fut créé par Ellis Marsalis, Troy en est sorti
diplômé et multi-instrumentiste avec une préférence
pour le trombone et la trompette mais, aux claviers,
à la batterie et au chant, il est excellent. Il signe son
premier album en 2002, vingt-cinq ans. Depuis, il
a gravé une dizaine d'enregistrements personnels
et autant comme sideman avec des musiciens aussi
différents que le crooner Harry Connick Junior ou le
groupe irlandais de rock U2. Il aborde donc, avec un
égal bonheur, la pop, la soul, le funk et le rock tout en
gardant ses fondamentaux du jazz. A se procurer son
dernier disque Backatown, une belle synthèse de l'art
d'un jeune homme dont on reparlera
ALL NIGHT JAZZ
Sidony Box
Lauréat Rezzo 2010
Chaque année, les Régions de France envoient leur
sélection d'un ou deux Orchestres qui viennent
concourir, en public, au jardin de Cybèle, devant un
jury composé de professionnels. Le lauréat 2010
est ce trio nantais plein de fraicheur qui, autour des
compositions du guitariste Manuel Adnot, crée un
climat particulier, carrefour des influences musicales
de chacun des musiciens qui réussissent la gageure
à s'accorder sur des pistes différentes. Cela donne
un beau son sans mièvrerie, un rythme percutant ou
les envolées dévastatrices savent se réfugier dans des
lagons bleutés. Dans la recherche d'une expression
personnelle, d'un jazz qui fait appel à d'autres cultures
musicales, ces trois jeunes gens réussissent à sortir de
l'ordinaire et ne se laissent pas aller à des clichés. Bref,
le succès au tremplin, la chance d'être sur la grande
scène sont très mérités. Que cela ne leur monte pas à
la tête, les américains nous ont prouvé à Vienne que les
plus grands étaient les plus simples. Qu'ils affirment
leur cohésion. C'est ensemble qu'ils ont réussi, c'est
ensemble qu'ils doivent continuer. Ils ont un bel avenir.
Trombone Shorty & Orleans Avenue
Troy Andrews aka Trombone Shorty (th, tp, lead voc),
Dan Oestreicher (bs), Tim Mc Fatter (ts), Pete Murano (9),
Mike Ballard (b), Joey Peebles (dms),
Dwayne Williams (perc)