CULTURE
MUSIQUE
Gilberto Gil, a wonderful life
Acteur essentiel de la musique populaire brésilienne, ex-ministre de la Culture du
gouvernement de Lula, le sexagénaire de Bahia revient chanter, en trio, l'éternel
Brésil métissé au Bozar.
N
é à Salvador de Ba-
hia en juin 1942, Gil-
berto Passos Gil Mo-
reira, a forcément traversé
plusieurs histoires, plusieurs
vies, plusieurs régimes poli-
tiques. Si son récent engage-
ment dans le gouvernement
de gauche de Lula fait
date,
son CV musical n'en est pas
moins important.
Enfant de
la classe moyennes
noire, Gil
grandit au son des rythmes
forro du Nordeste, un za-
kouski de l'incroyable pano-
plie stylistique d'un pays
continent: de la bossa à la
samba, Gil intègre une forêt
d'influences dans une mu-
sique aussi engagée que dan
sante. L'exil à Londres, im
militaire n'est que l'un
posé en 1969 par le régime
périples d'une carrière inté
grant le reggae comme
des
conscience musicale réma-
nente d'un répertoire égale-
ment nourri de l'afro-beat de
Fela Kuti. Depuis le Portugal
,
dans un français aussi funky
que le carnaval de Bahia, Gil
répond à nos questions
Le Vit/L'Express: Qu'avez-
vous appris pendant vos cinq
années au poste de ministre
de la Culture du gouverne
ment Lula, entre 2003 et 2008.
>Gilberto Gil: Le gouverne-
ment est une machinerie
très
mompliquée, très lourde.
J'ai
instauré un système de points
bure dans les zones patrims
agricoles, rurales
dans les bidonvilles. Avec la
volonté d'étatiser la culture
numérique dans des coins re-
culés, de créer des réseaux, de
donner un sens au droit à l'in-
formation, qui est la condi-
cultures
pour amener la
comme
M16 NOVEMBRE 2009 IEVIERS
toutes les époques.
>G. G.: Oui, avant moi, ily
a eu Pelé (..) et depuis lors,
d'autres ministres noirs tra-
vaillent avec Lala. La repré-
sentation des minorités
ciales et économiques est
lente! Comme aux Etats-Unis.
Qu'apporte la musique qui
en politique ?
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Bem Gil, Gilberto Gil, Jaques Morelembaum: un répertoire de
tion sine qua non du pouvoir la spiritualité. La musique en fluence de l'Afrique, de l'Asie,
Vous êtes l'un des premiers fait partie... En 1969, la jeu- de l'Europe aussi. A travers
Noirs à intégrer un gouver- nesse dérangeait beaucoup l'histoire, le pays s'est
nement fédéral brésilien, le pouvoir militaire au Bré- construit par l'immigration,
c'est un ahurissant vu
l'importance de
sil (NZDR : suite au coup la colonisation, les Portugais,
d'Etat 1964) simplement les Français, les Italiens, les
afro-brésilienne
parce que tout pouvoir tota Japonais, les Indiens, les Noirs
litaire a toujours peur des pos d'Afrique et l'influence des
sibilités offertes par la liberté. Etats-Unis...
Ils ont peur du pouvoir de l'es-
prit, donc de la musique.
«
LA MUSIQUE EST
PRATIQUEMENT
SUPÉRIEURE
À TOUT >>
Au Bozar, vous jouez un
répertoire de toutes les
époques, vingt-deux chan-
sons au total, avec le vio-
loncelliste Jaques More
lembaum et votre fils Bem.
n'existe pas en
>G.G.: La est pra-
tiquement superea tott:
st la manifestation de la
possibilité d'arriver au su-
blime, à la dimension médi-
tative. On s'aperçoit qu'il n'y
a pas de chose plus impor
tante que l'art : nous tra-
vaillons pendant la semaine
pour arriver, le dimanche, à
Pourquoi la musique bré-
silienne est-elle si riche?
>G. G.: Parce que le Brésil
représente une chimie de so
ciétés, le métissage, la plu- Gilberto Gil The String Concert
ralité des moyens, des visions,
des regards vers la vie, l'in-
>G. G.: Oui, c'est formida-
ble de jouer
avec mon fils de
24 ans : il a beaucoup de ta-
lent, de sensibilité, il est très
attentif à la rythmique, aux
sons! A ma façon de jouer de
la guitare, il étudie beaucoup...
ENTRETIEN : PHILIPPE CORNET
le 14 novembre au palais
des Beaux-Arts de Bruxelles.