Documents from Gilberto Gil's Private Archive

LA: EN AVANT LA MUSIQUE est ouvert. Pour que la fête commence bien, il lui fallait un vrai feu d'artifices. Comme d'habitude Forró, naturelle, funky ou couleur rock, s'est offerte pour mettre le feu aux poudres. radicaux, Gilberto Gil, lui débarque avec Domingo no parque, un hymne à la pagaille, accompagné de Rita Lee est ses Mutantes, un groupe de rock débutant, tandis qu'est lancé «Tropicalia, un album-manifeste qui réunit tout ce petit monde, mélangeant allègrement samba et rock, chacha et bossa nova. Pas de rides, juste quelques passages à vide... Ce n'est que plus tard qu'on mesurera l'impact de ce tremblement de terre, quand après une prestation TV singeant la censure, Gil et Caetano se retrouveront en prison, puis exilés en Angleterre. Volontaire ou non, cet exil temporaire, est aussi le désir de respirer un autre air. Outre les deux Baïanes, qui fricotent avec Mick Jagger ou Steve Winwood à Londres, Chico Buarque s'en va faire un tour à Rome, Milton Nasci- mento et Hermeto Pascoal fricotent avec les musiciens de jazz U.S. Et de nouveaux noms naissent avec le début des années 70, Novos Bažanos, Joao Bosco, Gonzaguinha. C'est l'époque où la guerilla urbaine tro- que des ambassadeurs en poste au Brésil contre des dizaines de mili- tants prisonniers. Un quasi-état de guerre, avec une frénésie d'ordre moral. Chico Buarque, las de pré senter dix chansons à la censure pour en voir revenir une, invente le patronyme de Julinho de Adélaïde pour échapper aux ciseaux, ce qui fera s'écrouler de rire tout le pays. pays, en 72, ils célebrent bien sûr le rock qu'ils ont cotoyé, mais aussi les deux patriarches de la musique bré- silienne du Nordeste: Luiz Gonza- ga, le roi du baïao, la musique du Sertao, et Dorival Caymmi, le chan- tre de Bahia, et de l'océan. Les paramètres sont installés, et le trem- plin est prêt pour l'ultime courant à apparaître dans les seventies, la du Nordeste des Alceu O GLOBO RECORDS FRANCE JORGE BEN/Somsual TOQUINHO DJAVAN/Flor de lis PEDRO P. CASTRO NEVES & MICHEL LEGRAND MILTON NASCIMENTO/ Travessia JORGE BEN/Dadiva ALCEU VALENÇA/Vivo MARIA CREUZA Bahia, le Carnaval passe toujours bien la rampe Valença, Fagner, Elba Ramalho. Un son urbain qui va dans le sens de la migration intérieure. Enfin, ulti- mes figures neuves hors courant, Djavan et Ney Matogrosso. En 1984, toute la musique populaire des milliers de personnes sur les places publiques, lors de la campa- gne pour les élections directes. Le pays se sort d'un régime d'exception, mais pas de la pauvreté. Tout de même, les lendemains re- commencent à chanter... et le Brésil s'invente «son » rock. Les maisons de disques, en chute libre, sautent sur l'occasion. Musicalement peu consistant, destiné à ama- JORGE BEN/Benvinda JORGE BEN/Maravilhas 78/85 VINICIUS DE MORAES/ Testamento Vol. 1 ELIS REGINA JORGE BEN/Alo alo como vai CESAR CAMARGO MARIANO HERMETO PASCOAL/ Lagoa da Canoa OS NOVOS BAIANOS/ Acabou chorar MARCOS ARIEL/Bambu NANA CAYMMI SIGM DISTRIBUTION MELODIE tion interne, à peu près comme le Sucesso), mais fantastique en tant rock français, mais plus impertinent dans son propos, le rock made-in- 1986. Le rock local s'esoufle brasil a au moins le mérite de dėja, et le Carnaval de Bahia souffle repousser l'invasion éternelle de la le chaud. Le nouveau rythme, tres série B du rock U.S. Les deux passé lors de « Rock in Rio, un million et demi de spectateurs en dix jours, le plus grand festival du monde à ce jour. Agaçant par la médiocrité du plateau étranger (les has been de Yes, les pitreries hard de Ozzy Osborne), rassurant quand à la bonne tenue des Alceu Valenca Baby Consuelo, Moraes Moreira, les plus «rock» de la MPB, atterrant, côté rock brésilien, (sauf Paralamas do caraibéen s'appelle « deboche, on après quinze ans de bouderies , re- vient sur TV Globo et présente des artistes d'Amérique latine ou de la Caraïbe. Gilberto Gil déjà tenant d'un reggae bien brésilien enregistre avec Obina Shock, groupe afro né.. á Brasilia. A Sao Paulo, troisième mégalopole du monde, jamais fichue d'accoucher d'un courant musical nait Sosséga Leao, de la salsa façon Brésil. L'ANNÉE DU BRÉSIL TOQUINHO & ses Amis JORGE BEN/Brasil VINICIUS DE MORAES/ La musique & la poesie FAFA DE BELEM CHICO BUARQUE DE HOLLANDA Vol. 1 SAMA DISTRIBUTION VOGUE • Compact Disc VANNEE DU BRESIL Les nouveaux groupes sont enco- re tendres. Mais ils ouvrent un chemin de traverse vers des musiques scurs. En attendant cette grande fusion qui ne peut que réveiller le pays, ce qui se fait de plus riche en lienne vient à nous. Son pouvoir émotionnel est souvent plus fort sur scène que sur vinyl. Avec en plus une chance historique pour les musiques chaudes : les yankees restent calfeu- trés chez eux, et Reagan garde lui- même les clés. Un espave bon à prendre pour le Brésil, en attendant le tube-locomotive qui entraînera le train fou. Rémy KOLPA KOPOUL JORGE BEN BRASIL FELIZ AÑO DO BRASIL (BONNE ANNÉE DU BRÉSIL) LIBERATION 3