Gilberto Gil
Session privée
Ministre de la Culture du gouvernement Lula depuis 2003 et ambassadeur
de la musique brésilienne depuis toujours, Gilberto Gil, 63 ans, conduira
la grande fête Viva Brasil!, qui aura lieu place de la Bastille, à Paris, le 13 juillet.
L'Expressmaga assisté aux répétitions de son concert à Rio de Janeiro
15610
Disques d'or, affiches de
concert, posters de Bob
Marley... on est bien dans les
bureaux de Gilberto Gil, Gege
Produções, au coeur du quar-
tier résidentiel de la Gavea
(la Vigie). Dreadlocks nouées
chemise blanche brodée,
pantalon sombre griffé
Armani, le ministre déjeune
en coup de vent, seul, dans
la cuisine. Il règle au télé-
phone quelques problèmes
politiques. Brasilia est en
effervescence : le bras droit
du président Lula est accusé
de corruption
15 h 34
Il entre presque en courant
dans le studio de répétition.
Gil gère un emploi du temps
de ministre, mais tout va bien:
Ce matin, j'ai réglé des dos-
siers internes au gouverne-
ment; ici, mon travail pour-
suit la même démarche. Ce
concert s'inscrit dans l'Année
du Brésil et met en avant notre
savoir-faire dans le domaine
du divertissement populaire.»
16 h 20
Les répétitions commencent
Assis à l'extrémité gauche du
demi-cercle formé par ses
neuf musiciens, Gilberto Gil
s'accompagne à la guitare.
Près de lui, du thé et des noix
de cajou, «En accord avec
Lula, j'ai décidé de consacrer
80% de mon temps au minis-
tère et le reste à la musique.
Il chante Touche pas à mon
pote, créée à la Bastille, déjà,
en 1985. Echange de vues avec
sa formation sur les instru-
ments à utiliser, ou pas, selon
L'Express
Du 11 au 17 juillet 2005
les morceaux. Notamment le brutal du regard de la France
bérimbau (arc musical). ou de l'Europe ; d'ailleurs,
pour moi, les clichés ont du
bon, ce sont même des fon-
dements historiques, fédé-
rateurs. C'est aussi l'occasion
de montrer la diversité cultu-
relle du Brésil.
Gilda Mattoso, l'attachée de
presse du chanteur, piétine.
Gil reçoit une quinzaine de
demandes d'interview par
semaine. Le double depuis
que sa tournée d'été a été
annoncée, Gilberto a tou-
jours été très sollicité, car il
a des opinions sur tous les
sujets et s'est engagé dans la
cause écologiste, les favelas,
les aides à des groupes de
Bahia ou de Rio. Depuis deux
ans, il faut jongler avec les
plannings du gouvernement,
souffle-t-elle. Heureusement,
il sera en vacances du minis-
tère jusqu'au 2 août.
Pause. Gil dresse un premier
bilan de l'année du Brésil en
France : « Le but n'est pas de
provoquer un changement
19.50
Il entonne a cappella, et en
portugais, No Woman No Cry
de Bob Marley
Gilberto Gil, dans son bureau, puis lors d'une répétition avec son groupe.
20 h 26
Un saxo introduit La Mar-
seillaise, mais cet Allons
enfants » made in Rio a des
humeurs samba. Un débat
perturbe le groupe. Impos-
sible de chanter La Mar-
seillaiseen entier. Mais quel
couplet couper ? Des coups
de fil vont être passés au
consulat de France. « Je par-
ticipe fréquemment à des cé-
rémonies officielles et je sais
la portée symbolique des
hymnes, appuie Gil.
Fin de la session. Le mi-
nistre retrouve exception
nellement sa maison nº 1,
celle de Rio. D'habitude,
j'habite à Brasilia » Plu-
sieurs livres l'attendent :
«J'en ai au moins quatre en
cours, dont un essai sur le
conservatisme américain.
Entre deux chapitres, Gil-
berto Gil saisit sa guitare :
« Je prépare lentement mon
prochain disque, qui ras-
semblera les plus grands
airs de bossa-nova. »Tou-
jours les couleurs du pays.
Gilles Médioni
en concert le 13 juillet, à Paris,
avec Jorge Ben Jor, Seu Jorge,
Daniela Mercury, Lenine, Gal
Costa, Ilé Aiyé et Henri Salva-
dor. Le 17 juillet, Perpignan,
dans le cadre des Estivales.
Et en tournée. CD: The Very
Best of..., The Soul of Brazil 5
(Warner). DVD : Electroacustico
(Warner).
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