Documents from Gilberto Gil's Private Archive

BO ZAR LE VIF LEXPRESS PALEIS VOOR SCHONE KUNSTEN PALEIS VOOR SCHONE KUNSTEN 18171 Le Vif/L'Express 06.11.2009 Page: 94 Circulation: 97045 N é à Salvador de Ba- hia en juin 1942, GI- berto Passos Gil Mo- reira, a forcément traversé plusieurs histoires, plusieurs vies, plusieurs régimes poli- tiques. Si son récent engage ment dans le gouvernement de gauche de Lula fait date, son CV musical n'en est pas moins important. Enfant de la classe moyenne noire, Gil grandit au son des rythmes forro du Nordeste, un za- kouski de l'incroyable pano- plie stylistique d'un pays- continent: de la bossa à la samba, Gil intègre une forêt d'influences dans une mu- sique aussi engagée que dan- sante. L'exil à Londres, im- posé en 1969 par le régime militaire, n'est que l'un des périples d'une carrière inte- grant le reggae comme conscience musicale réma- nente d'un répertoire égale- ment nourri de l'afro-beat de Fela Kuti. Depuis le Portugal, dans un français aussi funky que le carnaval de Bahia, Gil répond à nos questions. Le Vit/L'Express: Qu'avez. vous appris pendant vos cing années au poste de ministre de la Culture du gouverne- ment Lula, entre 2003 et 2008 >Gilberto Gil: Le gouverne ment est une machinerie très compliquée, très lourde. J'ai instauré un système de points cultures pour amener la cul- ture dans les zones pauvres, agricoles, rurales, comme dans les bidonvilles. Avec la volonté d'étatiser la culture numérique dans des coins re culés, de créer des réseaux, de donner un sens au droit à l'in formation, qui est la condi- Gilberto Gil, a wonderful life Acteur essentiel de la musique populaire brésilienne, ex-ministre de la Culture du gouvernement de Lula, le sexagénaire de Bahia revient chanter, en trio, l'éternel Brésil métissé au Bozar. Pourquoi la musique bré- silienne est-elle si riche? Bem Gil, Gilberto Gil, Jaques Morelembaum: un répertoire de toutes les époques. tion sine qua non du pouvoir la spiritualité. La musique en Vous êtes l'un des premiers fait partie... En 1969, la jeu- Noirs à intégrer un gouver- nesse dérangeait beaucoup nement fédéral bresilien, le pouvoir militaire au Bré- c'est un peu ahurissant vu sil (NLDR : suite au coup l'importance de la culture d'Etat de 1964) simplement afro-brésilienne parce que tout pouvoir tota >G. G.: Oui, avant moi, il y litaire a toujours peur des pos a eu Pelé (...) et depuis lors, sibilités offertes par la liberté. d'autres ministres noirs tra- Ils ont peur du pouvoir de l'es- vaillent avec Lula. La repré- prit, donc de la musique. sentation des minorités so- « LA MUSIQUE EST ciales et économiques est lente! Comme aux Etats-Unis. PRATIQUEMENT Qu'apporte la musique qui n'existe pas en politique ? SUPÉRIEURE >G. G.: La musique est pra- À TOUT >> tiquement supérieure à tout: elle est la manifestation de la possibilité d'arriver au su- blime, à la dimension médi- tative. On s'aperçoit qu'il n'y a pas de chose plus impor- tante que l'art : nous tra- vaillons pendant la semaine pour arriver, le dimanche, à >G. G.: Parce que le Brésil 'représente une chimie de so- ciétés, le métissage, la plu- ralité des moyens, des visions, des regards vers la vie, l'in- auxipress Media Monitoring & Analyses AuxPress s.a.n.v. Parc Goemaere Chaussée de Wavre 1945 Waversesteenweg B-1160 Bruxelles/Brussel T +32(0)2 514 64 91 F +32(0)2 514 84 92 info@auxipress.be www.auxipress.be 108210 403 fluence de l'Afrique de l'Asie, de l'Europe aussi. A travers l'histoire, le pays s'est construit par l'immigration, la colonisation, les Portugais, les Français, les Italiens, les Japonais, les Indiens, les Noirs d'Afrique et l'influence des Etats-Unis... Au Bozar, vous jouez un répertoire de toutes les sons au total, avec le vio- époques, vingt-deux chan- loncelliste Jaques More- lembaum et votre fils Bem. >G. G.: Oui, c'est formida- ble de jouer avec mon fils de 24 ans : il a beaucoup de ta lent, de sensibilité, il est très attentif à la rythmique, aux sons!A ma façon de jouer de la guitare, il étudie beaucoup. ENTRETIEN : PHILIPPE CORNET Gilberto G, The String Concert, le 14 novembre au palais des Beaux-Arts de Bruxelles Page 1/1