Après un séjour déterminant à Rome, Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) ne cesse de voyager sa vie durant, parcourant l'Europe et la France. Des relations amicales nouées dans le Nord avec les artistes Constant Dutilleux et Charles Desavary, qui l'initient notamment à la technique du cliché verre, l'amènent à retourner de loin en loin dans cette région. En leur compagnie, il sillonne les alentours, d'Arras à Boulogne-sur-Mer, de Dunkerque à Saint-Omer.Après avoir visité Dunkerque une première fois en 1830, il y séjourne de nouveau en 1857. Il y peint une dizaine d'études à l'huile (Dunkerque, les bassins de pêche, conservé au musée des Beaux-Arts de Dunkerque) et remplit deux carnets de croquis. Ce n'est qu'à la fin de sa vie, en 1873, qu'il y retourne une dernière fois, en compagnie de Charles Daubigny.Dans cette toile, la plus petite de celles qu'il exécute lors de ce dernier séjour, Corot s'est placé sur le quai même du port. La ville est à peine suggérée, retranchée derrière le mur de fortification d'où émerge la tour octogonale du Leughenaer. Le quai semble pratiquement désert et l'on ne distingue que deux silhouettes humaines, l'une au pied de l'arbre, l'autre vers les bateaux. Plus qu'à l'animation ordinaire d'un port, Corot s'est attaché à saisir les masses du paysage : le long mur fortifié, les formes enchevêtrées des voiliers et la silhouette presque incongrue de l'arbre. Un soleil haut éclaire la scène et projette des ombres contrastées – celles de l'arbre, de l'enceinte et des navires à quai.L'ensemble est brossé rapidement, dans une matière volontairement pauvre. Les contours flous confèrent aux formes une délicate évanescence qui donne à cette œuvre, plus esquisse que paysage achevé, un charme infini.
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