Le canon en métal poli, taillé à huit pans sur toute sa longueur, est équipé d'une visée tubulaire ; au niveau du tonnerre, au centre de la volée et vers la bouche, il est gravé de rinceaux et feuillages intégrant des volatiles, des petits animaux et, à trois reprises, des cartels portant le nom de « DIJON » sur un plan emblématique y figurant des fleurs de lys qu'accompagne le « L » sous couronne et gravé sommairement le N° 365.
La platine est à mèche ; le serpentin, sa hampe travaillée à pans, ses mâchoires modelées selon la tradition en forme de dragon, sa vis de serrage façonnée aux contours d'une fleur de lys est commandée par une détente placée sous pontet de protection, en substitution à l'habituelle queue de détente en levier. Le bassinet fait corps avec la platine, son couvercle actionné à la main pivote latéralement. Le corps long et étroit de la platine, flanqué à ses extrémités de deux fleurs de lys découpées, est entièrement gravé dans la technique de l'acide, d'une scène de chasse au lièvre avec des chiens courants et d'une composition centrale représentant un personnage dont l'attitude peut évoquer la manière de Philippe Cordier Daubigny [projet pour une platine à silex, Grancsay, 1970, p. 70, N° 5]. Le pontet de sous-garde s'achève sur une tête d'aigle en ronde bosse d'une magnifique facture analogue à celle figurant en même place sur l'arquebuse N° 76.
La plaque de couche porte les armes de France et de Navarre entourées des colliers des Ordres, timbrée de la couronne fermée. Le chiffre du roi, placé entre deux branches de lauriers, s'y lit au-dessous. La monture, en bois de poirier, d'une extrême élégance, présente à la manière septentrionale, un fort évidement pour le pouce.
Le maître également dijonnais qui a signé l'arquebuse N° 76 de l'Inventaire n'est donc pas, selon toute vraisemblance, l'auteur du N° 365 conçu de même à l'usage personnel du Souverain. La luxuriance de l'ornementation du premier contraste avec l'équilibre, l'harmonie et le traitement parfois rugueux des décors chez le second. Ces observations engendrent une interrogation : on peut comprendre à leur examen que le renom de ces armes ait pu atteindre la cour, mais quelles significations et importance doit-on accorder à ces réalisations ? Sont-elles la conséquence du talent d'arquebusiers isolés ou le fruit et l'expression d'une production locale aussi active que fertile, dans la ville traversée par la Saône, en ce début du XVIIe siècle ?