Elève de Nicolas-Bernard Lépicié et de Joseph-Marie Vien, après avoir fréquenté l’atelier de David et séjourné à Londres entre 1792 et 1802, Henri-Pierre Danloux présente "Le Déluge" au Salon de 1802. Le succès de ce thème, qui a également suscité une vingtaine d’œuvres d’autres peintres successivement présentées à Paris et à Londres entre 1771 et 1820, s’inspirerait du poème du "Tableau du Déluge" (1762) de l’écrivain suisse Salomon Geissner et non plus de la scène biblique de la Genèse, comme c’était encore le cas à La Renaissance. D’esprit préromantique, l’évocation des derniers instants de deux jeunes amants, victimes des eaux du déluge dans le poème sont remplacés dans la peinture par une famille présentée comme les uniques survivants de l’inondation. A l’universalité du déluge de la Genèse, se substitue la perte de l’humanité par la mort et le drame individuel. Le paysage s’identifie à celui d’une catastrophe naturelle, conformément aux représentations fréquentes de la fin du XVIIIe siècle, pour amplifier la vision "sublime" d’une nature tragique et terrifiante, propice à magnifier la fragilité humaine et à susciter des sentiments exacerbés de la part du spectateur.