Txomin Badiola est considéré, avec Pello Irazu, comme l'une des figures-clé de la renaissance de la sculpture basque et espagnole depuis les années quatre-vingt. Cette génération d'artistes se livra à la réécriture de la syntaxe de la sculpture en partant d'une position enracinée dans la tradition moderne, pour démonter les mythes de l'histoire et recomposer dans le présent certaines de ses inventions formelles. Cette action cherchait des formes et des discours adaptés à un moment de crise, aussi bien de la représentation que de l'ornementation.
Badiola construit des scènes bizarres où se succèdent des faits étranges, des rencontres et des malentendus, dans un jeu de fabrications qui offre au spectateur un espace immense où créer sa signification. Tous les éléments s'inscrivent dans le processus d'hybridation et de mélange de langage dans lequel l'artiste s'est engagé ces dernières années.
Complot de famille. Deuxième version (Complot de familia. Segunda versión, 1993-95) est une œuvre cruciale dans la trajectoire de Txomin Badiola, dans laquelle confluent les éléments strictement constructifs, tellement inhérents à toute son œuvre ; l'architecture, le design, le mobilier ou le set théâtral ; et l'incorporation de références issues du cinéma, de la télévision, du roman-photo, de la bande dessinée, etc. Cette seconde version du Complot de famille auquel fait allusion la première partie du titre est le développement d'un travail dont la première version fut présentée dans une exposition à New York en 1994.
Elle fit aussi partie d'une exposition à Madrid en 1995, qui intégrait une série de fictions (allégories multiples) qui s'alimentaient de défis étranges pour la réalité, que Badiola définissait comme des situations absurdes ou improbables vécues par des personnes réelles qui « finissent par créer un environnement matériel et spatial ». À mi-chemin entre la mise en scène théâtrale et l'insinuation cinématographique, l'œuvre élargissait les frontières de la sculpture, tout en pénétrant sur le terrain des supports postmodernes.
En rassemblant des objets, des constructions et des photographies de gens qui en apparence n'ont aucun lien entre eux, mais qui contiennent un fort pouvoir d'évocation, le spectateur se sent poussé à les organiser dans le temps et dans l'espace à l'aide d'une action imaginée, et finit par conséquent l'œuvre d'art. Ainsi donc, c'est le spectateur qui confère un sens à cette installation, en unifiant et en reliant aussi bien les différents espaces scénographiques que les objets et les images intérieurs et extérieurs à cette installation, afin que tous se justifient mutuellement.