En 1769, l’ingénieur militaire Nicolas Cugnot construit le premier véhicule capable de s’affranchir de la traction animale. Une chaudière à vapeur alimente alternativement deux cylindres installés de part et d’autre d’une unique roue motrice. L’effort linéaire ainsi généré sur les pistons est transformé en mouvement de rotation par un système de roue à rochet. Ce mécanisme, utilisé alors dans l’horlogerie, autorise également un fonctionnement en marche arrière. Les essais prometteurs d’un petit prototype favorisent la réalisation d’un second fardier susceptible de transporter 5 tonnes à 4 km/h. Abandonné en 1771, l’audacieux projet déchaîna les passions comme en témoigne cette remarque du marquis de Saint-Auban, maréchal de camp d'artillerie, dans une lettre de 1779 : « La manie des nouveautés, Messieurs, a été portée à un point qui est à peine croyable ; on a prétendu substituer aux voitures et aux chevaux qui traînent l'artillerie, des machines à feu, mises en mouvement par des pompes à pistons ».