L'étoffe de fond est un damas, base en satin de quatre, chaîne et trame en soie rouge. Elle a été fabriquée sur un métier à la tire. Frange en passementerie de soie violette, jaune, orangée et verte, fabriquée sur un métier à passementerie. L'étoffe et la frange ont certainement été fabriquées à Valence. La décoration est composée de broderies faites sur une base de toile de lin posée sur un cadre à broder, elles ont été appliquées par la suite sur l'étoffe de satin. Les broderies sont en soies polychromes à point nuancé, de figures, en soie floche, au point d'épi et de cordonnet, ainsi qu'en fil d'or et d'argent au point lancé, en échiquier, sur rembourrage, en cordonnet de soie retenu par des fils d'or. On a appliqué des paillettes. Taffetas en soie appliqué sur le damas. Il s'agit certainement d'un travail réalisé dans un atelier de Sant Joan de les Abadesses. Pour décorer l'étoffe de fond en damas rouge on a utilisé le thème d'origine italienne de la grenade du XVe siècle. Il s'agit de rangées horizontales de grenades de grandes dimensions dont le pied est formé d'une pomme de pin de forme hexagonale à l'intérieur de laquelle se trouve une grenade plus petite. Sur la bordure supérieure, on peut lire l'inscription brodée suivante: « Ave Maria gratia plena dominus tecum benedicta tu ». Chaque mot est séparé du suivant par des bouquets de fleurs brodés en or et soies. La frange, comme pour tous les devants d'autel brodés provenant de Sant Joan de les Abadesses, est placée sous la bordure. Dans la partie supérieure et inférieure du devant d'autel, on a intercalé dix bouquets de fleurs et de feuilles. Leur distribution rappelle celle des étoffes de Grenade du XVe siècle qui s'inspiraient du motif décoratif de la grenade. (Dans la partie des étoffes andalousaines du XVe siècle qui se trouvent dans la même salle, on peut admirer une pièce portant la même décoration dont s'inspirent les bouquets.) De part et d'autre de la scène principale, on voit un grand fleuron circulaire formé d'un entrelacement de branches et de fleurs de chardon. Au centre de chacun de ces fleurons il y a un blason appliqué représentant un loup noir sur fond doré, c'est le blason du commanditaire, le chanoine Llobera. La scène de l'Annonciation est représentée au centre. L'archange Gabriel et la Vierge sont placés sur des socles hexagonaux. Entre les deux on voit un vase avec trois lys, il représente le centre de la scène et du devant d'autel. L'archange porte une dalmatique décorée de dessins en losanges, les parements des manches sont brodés d'or. La Vierge se présente de trois-quarts, elle est assise sur un trône gothique, un livre posé sur ses genoux, derrière sa tête, l'Esprit Saint apparaît sous forme d'une colombe. La Vierge est vêtue à la manière caractéristique du XVe siècle, la ceinture haute et un grand décolleté. L'étoffe est décorée du motif de la grenade inspiré des velours d'or du XVe siècle. Elle est couverte d'un manteau dont la décoration est semblable à celle de la dalmatique de l'Archange. Les deux personnages revêtent les vêtements liturgiques et civils que portait la noblesse du dernier quart du XVe siècle. La broderie est d'une grande délicatesse et d'une perfection parfaite, on peut y voir le travail de différentes mains. Les deux personnages sont traités de manière très élégante et subtile, on y reconnaît le travail d'un maître, tandis que le vase et le reste de la broderie ont été confiés à des mains moins expertes de l'atelier comme cela se faisait d'habitude dans les ateliers de peinture et de peinture à l'aiguille ou de broderie. Le carton de la scène de l'Annonciation a été réalisé par un peintre qui s'est inspiré de l'art flamand.