Ce tableau d'Antoine Berjon est emblématique des recherches de certains artistes lyonnais autour du motif de la fleur. Influencé par les bouquets des artistes hollandais ou flamands qui, depuis le XVIIe siècle, ont développé l'art de la nature morte, le peintre rend compte ici de sa virtuosité technique et de sa capacité à imiter les éléments qui composent ce bouquet d'exception. Plus que ces maîtres du Nord, Berjon cherche à donner l'illusion en peignant fleurs et fruits en grandeur réelle. Chaque élément peut-être précisément identifié. Sur le melon, une petite mouche s'est posée rendant extraordinairement illusionniste la représentation, même si la tulipe et le coquelicot ne fleurissent pas à la même saison. Peinte dans les derniers mois du séjour parisien de Berjon, cette nature morte monumentale est exposée au Salon de 1810. Le peintre vient d'être nommé professeur de la classe de fleur de Lyon. La Ville, soucieuse de redynamiser l'industrie de la soie, cherche en effet, en ce début du XIXe siècle, à offrir des modèles aux futurs dessinateurs, élèves de l'école des Beaux-arts.