Le portrait équestre d'Henri IV est l'une des deux seules peintures conservées de Marin Le Bourgeois. Si son nom est traditionnellement associé aux batailles d'Henri IV en tant que facteur d'armes, étant considéré avec ses frères comme l'inventeur de la platine à silex au milieu du XVIIe siècle, son oeuvre picturale reste intimement liée à la pratique des armes. Outre son intérêt en tant que portrait du roi, ce tableau est surtout l'une des dernières images d'un souverain français en armure complète.
Cette image du roi guerrier s'inscrit dans un contexte de reconquête territoriale et de centralisation du pouvoir militaire durant les gerres de religion. La présence d'une ville fortifiée à l'arrière-plan, sous la forme d'une place entourée de collines et ceinte d'un fleuve, amène à penser que le panneau se réfère à l'un des sièges conduits à l'occasion des luttes contre la Ligue puis contre l'Espagne, soit Rouen, assiégée en 1591-1592, soit Paris, prise en 1594. Le peintre livre une représentation de la guerre détaillée, où fantassins, cavaliers et artilleurs sont minutieusement rendus. Le souverain domine au premier plan montant un cheval bai. Il porte une armure noircie sans défense de tête. Ceint d'une écharpe blanche, signe adopté par les catholiques ralliés à Henri IV, il tient le bâton de commandement. Cette oeuvre contribue à un nouvel essor du portrait équestre, héritier des effigies de condottiere de la Renaissance, et exalte la puissance militaire du modèle.