Jaosokor, se compose d'une structure métallique en forme de canoë, recouverte de bandes en plastique transparent et incolore, attachées à intervalles réguliers. Illuminée par la lumière naturelle de la galerie, la surface de la sculpture évoque avec subtilité les propriétés de l'eau, un élément récurrent dans l'œuvre de Solano. Bien que réalisée avec des matériaux manufacturés, la sculpture suggère l'habileté manuelle tribale, une idée que Solano renforce en suspendant au mur, près de la sculpture, la photographie du visage d'un indigène des Mers du Sud. Cette œuvre fut inspirée d'un voyage réalisé par Solano à Irian Jaya, la partie indonésienne et la plus occidentale de la Papouasie-Nouvelle Guinée, où elle séjourna un temps dans le petit village de Jaosokor. En juxtaposant des formes et des motifs indigènes à des matières synthétiques occidentales, Jaosokor représente la confrontation entre deux mondes. De l'avis du conservateur Teresa Blanch, qui a beaucoup écrit sur l'œuvre de Solano, cette pièce « évoque un voyage perturbateur à travers les différents âges de l'humanité » et présente une « dénonciation des abus perpétrés contre les peuples indigènes » ; mais elle est aussi un « hommage (plus universalisant) à la persévérance de l'être humain face aux grandes fractures existentielles causées par l'histoire ».