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Kathputli du Rajasthan. Kathputli du Rajasthan.

Gründ, Françoise1985-11-26

Maison des Cultures du Monde - Centre français du patrimoine culturel immatériel

Maison des Cultures du Monde - Centre français du patrimoine culturel immatériel
Vitré, France

Les marionnettes du Rajasthan constituent une expression des peuples Kalet, une sous-caste des Bhat, vivant dans la région du Marwar au Rajasthan, à proximité des villes de Nagore, Sikar, Jaipur, Ajmer et Udaipur. Il est dit que l'origine de ces poupées provient du trône du roi Vikramaditya, le fameux Simhasan Battisi tout sculpté de figurines de bois polychromes. La légende veut que ces trente-deux figures aient pris vie, chaque nuit, pour chanter, danser et faire des acrobaties pour le seul plaisir de ce souverain du VIIIe siècle qui était insomniaque. Les Bhat très habiles sculpteurs, utilisèrent ces trente-deux personnages pour créer un théâtre exclusivement réservé à la narration de la vie et des hauts faits du roi Vikramaditya.
Ainsi le "Jeu de Vikramaditya" se poursuivit du VIIIe au XIe siècle jusqu'au temps du règne du prince rajput Prithviraj Chauban de Delhi, valeureux guerrier connu autant pour sa bravoure que pour son amour des arts et de la littérature. C'est lui qui encouragea les Bhat à continuer leur travail théâtral sur Vikramaditya mais qui en même temps les incite à créer, grâce aux poupées, l'expression de sa propre geste. Cette nouvelle version dura encore quatre siècles jusqu'à ce qu'un autre souverain se situant comme nouveau mécène, imposât au théâtre de marionnettes de Kathputli, sa propre histoire. Il s'agissait d'Amar Singh Rathore de Nagpur.
Bien qu'Amar Singh Rathore soit considéré par les Bhat comme leur plus grand héros et leur "patron" et que ses exploits forment la trame de base de leur théâtre de marionnettes, c'est à l'empereur Akbar qu'ils attribuent l'origine du Jeu de Kathputli tel qu'il est représenté aujourd'hui.
La légende veut qu'Akbar, empereur mongol lassé des divertissements de sa cour demandât un jour à ses bardes de créer un spectacle vivant qui célébrerait sa personne et son règne et lui survivrait.
Ce furent les Kalet, qui façonnèrent des poupées à l'image d'Akbar, en épis de maïs, tandis que les autres Bhat utilisaient l'argile. Une épreuve fut imposée aux deux familles de poupées: celle de passer une nuit dans l'eau d'un puit. Bien entendu, les figures d'argile furent dissoutes alors qu'au petit matin, celles d'épis de maïs ressortirent toutes gonflées d'eau. Ce furent donc les Kalet qui assumèrent le statut officiel de marionnettistes de la cour impériale. Sous l'égide spéciale d'Amar Singh Rathore, ils se mirent à prospérer et à bâtir un grand "Jeu" sur sa vie ainsi que sur les audiences et les réceptions à la cour d'Akbar. Lorsque le guerrier rajput Amar Singh Rathore mourût, ils ajoutèrent à la série de pièces, la séquence de sa mort en signe de respect.
Ainsi le répertoire du théâtre de Kathputli consiste en un mélange de l'histoire des deux personnages. Au début, le spectacle représentait une simple parade de marionnettes, mettant en scène des nobles et des princes de la cour impériale. Après plusieurs siècles, les poupées de bois remplacèrent les poupées d'épis de maïs. Les artistes attachèrent un fil à la marionnette pour lui donner une plus grande aisance de mouvements.
Pendant ce temps, les divertissements des cours mongoles devenant de plus en plus compliqués, les Kathputli furent refoulées vers la rue et durent se contenter de plus en plus du soutien populaire.
Passant du spectacle de cour au spectacle populaire, les marionnettes ajoutèrent des personnages qui sont aujourd'hui au nombre d'une soixantaine. L'histoire se déroule en général à la cour de l'empereur Akbar. Les souverains du premier Etat rajput prennent place, suivis bientôt de tous les personnages indispensables à l'intrigue, tels que la laveuse, la danseuse et le charmeur de serpent. La présentation ne suit aucun schéma fixe et souvent le montreur insiste sur un caractère plutôt qu'un autre et n'hésite pas à changer l'ordre d'entrée en scène selon son humeur. Le succès de la pièce dépend de la qualité de la manipulation, de la virtuosité de la musique et des commentaires toujours improvisés du marionnettiste principal. En fait les personnages s'expriment plus et mieux par les mouvements que par les mots. C'est au montreur de donner par de petites touches intelligentes la charge ou l'émotion qui convient à un moment précis à la réceptivité des spectateurs. Cette improvisation constante forme un élément majeur du théâtre de Kathputli qui suscite l'intérêt et le plaisir des spectateurs indiens.
Les marionnettes sont de petite taille (45 à 50 cm de hauteur) et se présentent sous forme très stylisée. La tête est sculptée dans du bois de manguier ou des racines d'"akada" tandis que les corps forment de petits volumes mous, bourrés de chiffons pour permettre une grande liberté de mouvements. Leur particularité consiste à n'avoir pas de jambe. La partie inférieure du corps se compose d'une longue jupe flottante de voile de coton ou de mousseline de soie qui danse et balaie le sol au gré des mouvements de la poupée. Cette sorte de jupe représente une réminiscence du costume mongol du Xe siècle. Le seul personnage qui échappe à ce costume "historique" est le cavalier acrobate, le Maharaja Dhulli Bhatti de Jaisalmer qui se sert de ses jambes pour accomplir des tours sur son cheval.
Il est intéressant de remarquer que toutes les marionnettes, à l'exception de la danseuse et du charmeur de serpent, ne sont manipulées que par un seul fil. Une extrémité de ce fil se fixe au sommet de la tête de la poupée, l'autre à la ceinture. Le reste du fil est maintenu par les doigts du manipulateur grâce à des boucles. Il imprime les mouvements par une série de sauts en relâchant plus ou moins les boucles entre ses doigts.
La scène traditionnelle de Kathputli se révèle assez simple. Deux cordes tendues sur des bambous constituent un support pour le rideau de fond. Un petit auvent à arcades de tissu appelé Taj-Mahal forme l'avant-scène. Lorsque le montreur ne manipule pas les poupées, il les suspend entre le rideau de fond et le Taj-Mahal, immobiles, mais toujours en vue. Au cours du spectacle, le marionnettiste principal dit tous les rôles avec une voix aigue et zézéyante grâce à une sorte de sifflet de bambou placé en permanence sous sa langue. C'est en général la femme du marionnettiste qui chante et rythme son chant grâce au Dholak, tambour à deux peaux.
Les Bhat croient que les Kathputli sont des créatures célestes bénéfiques qui non seulement protègent leur vie mais aussi peuvent apporter leur aide en cas de besoin (récolte, santé, calamité naturelle, affectivité). Ainsi, ils respectent et prennent le plus grand soin de ces petites créatures de bois et de chiffon qui écartent d'eux les dangers. Jamais ils ne vendent ou ne jettent les poupées, mais se les transmettent de génération en génération. Lorsqu'elles sont trop vieilles ou trop brisées pour jouer, les marionnettes sont immergées dans les rivières sacrées avec tout le rituel qui accompagne généralement le départ d'une âme. Le nombre de générations par lesquelles une marionnette est passée se compte au nombre de jupes superposées qu'elle porte, car aucun de ses vêtements n'est enlevé ; un autre est simplement ajouté au précédent.

Les artistes
PRASHANT KOTHARI,
KHAIRATI RAM BHAT,
PREM RAM, MALA RAM,
HARAJI RAM BHAT,
GAJI KHAN,
SAMANDAR KHAN LANGA.

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  • Titre: Kathputli du Rajasthan. Kathputli du Rajasthan.
  • Créateur: Gründ, Françoise, Steinlein, Jean-Marie
  • Date de création: 1985-11-26, 1985-11-26
  • Lieu: Inde
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