Cette huile sur toile de grand format fut offerte au musée en 1875 par le Colonel Blachier.
Signé en bas à droite « Jordanus Fecit », Déjanire et le centaure Nessus est la composition la plus ambitieuse sur ce thème traité à plusieurs reprises par l'artiste.
Le centaure Nessus qui faisait le passeur sur un fleuve grossi par les eaux, prit sur sa croupe la femme d'Hercule, Déjanire, sous les yeux de son mari. L'affaire se termina mal car le centaure se mettant à malmener Déjanire, celle-ci appela et Hercule décocha une flèche mortelle à Nessus. Mais en mourant ce dernier transmit à Déjanire un sort qui causa la perte d'Hercule.
Le masque sur le visage du putto fait probablement allusion aux mauvaises intentions du centaure.
Tableau très proche du Renaud et Armide découverts par les chevaliers du musée des Beaux-Arts de Lyon, les deux œuvres sont datables du séjour vénitien de l'artiste, durant lequel il peignit vers 1674, La Nativité de la Vierge et La Présentation de Marie au Temple pour l'église de la Salute, deux grands tableaux d'autel qui firent sa célébrité.
Déjanire et le centaure Nessus est donc un tableau situé au début de la maturité de Giordano, artiste napolitain prolixe et protéiforme dont la jeunesse fut marquée par d'innombrables hésitations sur la voie qui devait l'amener à la décoration baroque, veine dans laquelle s'inscrit parfaitement ce tableau.