Un célèbre tableau de Jacob Jordaens, Le "Roi Candaule montrant sa femme à Gygès", que Jacob van Loo a pu admirer à La Haye à la fin des années 1640, lui a inspiré "Le Coucher à l’italienne". Dans cet épisode tiré des "Histoires" d’Hérodote, le roi se montre à ce point fier de la beauté de son épouse qu’il propose à son confident, le fidèle Gygès, d’en admirer avec lui la plastique à la dérobée, dissimulés derrière une tenture, alors qu’elle s’apprête à se coucher. Or, dans la toile de Jacob van Loo, nul élément qui renvoie à la fable, si ce n’est l’attitude même de cette femme nue arborant un modeste bonnet de nuit, puisqu’elle est proche de celle de la femme de Candaule peinte par Jordaens. Un nu d’un tel naturel dans un format aussi imposant qui se passe de prétexte mythologique relève à l’époque de van Loo d’une grande audace. Le peintre va jusqu’à substituer aux voyeurs de la fable le spectateur même, qu’un regard de connivence de la femme semble inviter à la suivre.