Le triptyque se compose de deux panneaux latéraux en chêne, bois le plus répandu dans les pays nordiques. Ils sont fixés au panneau central par des charnières. Ce dernier est une transposition de bois sur toile, sans doute demandée par le collectionneur Charles Tur en 1924.
Le sujet du Couronnement de la Vierge est traité par une touche adoucie, tendre, par une sorte de sfumato, tandis que les panneaux des saintes martyres témoignent d’une facture plus nette, plus détaillée. Cette manière appartient au style élégant du « maniérisme » habituellement répandu à Anvers, où les personnages sont vêtus de costumes aux étoffes luxueuses et de pièces orfévrées. L’effet décoratif, poussé à son extrême entre dans la tradition de la peinture flamande du XVe siècle, caractérisée par un goût accru pour les détails, une vision analytique des choses du réel, et un rendu des matières et des textures illusionnistes.
Au XVIe siècle les confréries et les grandes familles ornaient les autels de leurs chapelles dans les églises et les couvents de retables. Ces tableaux avaient tous la forme du triptyque, alors à la mode depuis plus d'un siècle : au centre, une scène tirée de l'enfance du Christ, de sa Passion ou bien de la vie de la Vierge ; sur les volets, les donateurs agenouillés avec leurs Saints Patrons...
Autrefois attribuée au maître du Saint-Sang, cette œuvre trouve une nouvelle attribution : la signature sur l’épée « Creeft fecit » confirme la thèse de deux spécialistes de la peinture flamande du XVIe siècle, dont les recherches nous éclairent enfin sur l’identité de l’auteur.