Jenny Holzer transforme les mots en son moyen d'expression artistique. Les aphorismes qu'elle emploie nous rappellent que notre langage est simple et direct ; des vérités évidentes dans une longue séquence de maximes, à partir de phrases provenant de la rue sur des sujets liés à la guerre, la politique, la mort ou la violence. Dans les années 1960, l’idée que l'objet artistique possède une valeur relative par rapport à l'idée et l'action produite pour le réaliser se répand. À partir des années 1970, l'artiste crée des textes sur des affiches, posters, T-shirts, flyers ou pochettes de préservatifs. Dans les années 80, elle décide d'introduire ses aphorismes sur les grands panneaux publicitaires qui illuminent les rues de New York, et peu après elle explore les médias tels que la vidéo ou les grandes enseignes lumineuses. Partant du principe que l'objet n'est plus aussi important que la procédure mentale qui le génère, l'artiste se concentre sur ce processus et traduit cette action en pure réflexion.
L'art devient le véhicule d'un message qui se répand à chaque fois dans un public large et différent, et dont le protagoniste est le langage dans son caractère incisif, affirmatif et factuel. Il s'agit de surprendre, de suggérer une réaction, une pensée, un raisonnement, un espace où vivre une expérience et, en même temps, de surprendre les gens par des lieux inattendus. Le spectateur lit ces phrases, se demande d'où elles viennent, et il est invité à adopter une attitude qui l'éloigne complètement de l'auteur, relégué à l’arrière-plan. L'intention est de rompre le lien entre auteur et texte pour créer une communication vivante. Holzer est capable de transmettre ces messages en créant une atmosphère très suggestive. Nous sommes seuls face à la solitude d'un espace ouvert, entourés de gens. Les mots et les concepts deviennent matériels pour qu’on se pose des questions sur les rapports humains, pour qu’on s’interroge, qu’on vive notre expérience et qu’on remette en question notre propre conscience dans un lieu insolite : une dimension théâtrale et captivante qui révèle l’immense puissance du langage.
La série Vivant présente des observations, des instructions et des avertissements sobres dans un style journalistique qui décrit la vie quotidienne. Son contenu aborde la façon dont l'individu et son corps rentrent en relation avec le paysage, avec d'autres personnes, avec des règles, des attentes, des désirs ou des peurs, comme dans « Voir l’haleine de quelqu’un peut être surprenant, et ce qui est encore plus surprenant est de voir l’haleine d'une foule. Il y a une certaine réticence à croire que les gens s’étendent aussi loin.