En 1750, les machines-outils sont rares. Tailler une lime, fendre une dent d’engrenage, arrondir ou polir relèvent d’une gestuelle essentiellement manuelle. Cette machine bénéficie des recherches des maîtres horlogers du XVIIIe siècle. En quête de précision, ils imaginent des dispositifs capables d’usiner avec rigueur les pièces d’horlogerie. Quelques tours de manivelle permettent de strier régulièrement la surface du métal par le truchement d’une came qui ordonne les coups de marteau sur le burin. La profondeur de l’encoche obtenue varie en fonction du type de lime désiré. La tension du ressort plat situé au-dessus du marteau définit l’intensité du mouvement, et donc la profondeur de l’empreinte laissée par le burin dans le métal chaud. Cette merveille mécanique annonce les prémices du machinisme industriel, où le geste manuel n’échappera pas à la mécanisation. Néanmoins, l’élégance fragile de ses volutes et la perfection de son squelette d’acier témoignent d’une époque où la mécanique est un art.