Marie Laczinska (1789-1817) comtesse Walewska, puis comtesse d'Ornano

Les circonstances précises de la commande à Gérard de ce portrait en pied ne sont pas connues. L'oeuvre est traditionnellement datée de 1812. Les mémoires de la comtesse Potocka mentionnent, les jours suivant le bal de la garde impériale donné le 24 juin en l'honneur du mariage de Napoléon Ier avec Marie-Louise, la présence dans l'atelier de Gérard d'un portrait de Madame Walewska. Peut-être commandé dès fin 1809 sur la cassette personnelle de l'Empereur pour orner son hôtel parisien près de Notre-Dame de Lorette, il a pu lui être offert à son retour de Pologne à l'automne 1810 après la naissance d'Alexandre Walewski.
Au sein d'une production abondante, parfois édulcorée par les répétitions, le portrait du musée de l'Armée se distingue par son acuité psychologique, sa sensibilité élégiaque ainsi que par la qualité du modelé des étoffes comme des chairs. Debout et de face, Marie Walewska semble avoir suspendu sa promenade pour s'accouder au ressaut d'une paroi de marbre dont un châle de cachemire l'isole. La silhouette menue se détache au sein d'une architecture néoclassique offrant une échappée sur un parc et un lac. Possible réminiscence de Schönbrunn ou Finkenstein, ce décor solennel rehausse sa stature et lui confère une dimension atemporelle, différant du paysage romantique et sauvage enchâssant le portrait de la marquise Visconti exposé au Salon de 1810. Artifice soumis à d'infinies variantes, il forme le fond de nombreux portraits d'apparat dus à Gérard. Les couleurs bleu turquin, gris et vert du châle, des marbres, du velours de la robe et des frondaisons mettent en valeur la carnation nacrée de la jeune femme, ses cheveux blonds ainsi que les détails délicats des roses de la coiffure, des manches de tulle, des bijoux de perles et des souliers de satin qui semblent irradier de lumière. La pose modeste, qu'un discret déhanchement et une inclinaison de la tête assouplissent, tempère la richesse du costume, peut-être dû au couturier Leroy.