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Marionnettes Bunya Ningyo. Marionnettes Bunya Ningyo.

Moritaro, Hamada1983-05-24

Maison des Cultures du Monde

Maison des Cultures du Monde
Vitre, France

Les marionnettes appelées Bunya Ninoyo (littéralement : poupées de Bunya) vivent depuis le XVIIe siècle dans l'île de Sado. L'île de Sado, la plus grande île japonaise de la mer du Japon, se situe au large de Niigata à environ 300 km au Nord de Tokyo. Avec ses 220 km de côte, et une population de 88.000 habitants, elle base son économie sur l'agriculture et la pêche. Le public consiste donc en deux catégories rurales. Très fermée, elle est bordée de montagnes au nord et au sud.
Au cours de l'histoire japonaise elle est connue surtout comme terre d'exil. Les plus célèbres bannis ; l'empereur Juntoku Joko, le bouddhiste Nichiren et Zeami le créateur du théâtre Nô, y trouvent, en leur temps, refuge. A l'époque d'Edo, les mines d'or font de l'île un point d'attraction pour certains groupes de prospecteurs et de travailleurs.

Les origines
Le théâtre de Bunya joué encore aujourd'hui dans l'île de Sado tire ses origines du Bunya-Bushi, style de narration romanesque basé sur la technique de chant-parlé des vieilles ballades créé au XVIIe siècle par un musicien de Kyoto : Okamoto Bunya. Ce nouveau style retient l'attention de Amada Sayoichi, un musicien aveugle de l'île de Sado, qui, en rentrant chez lui, l'importe dans l'île. Tandis que d'autres styles narratifs détrônent et estompent progressivement le Bunya-Bushi, dans la région de Kyoto et d'Osaka, sa popularité ne cesse de croître, dans l'île de Sado jusqu'à la fin du XIXe siècle. Bien que le style d'Okamoto Bunya se soit aussi introduit dans d'autres parties du Japon, le Bunya-Bushi de l'île de Sado, reste sans aucun doute, le plus proche de l'originel à cause de la situation isolée de l'île et de la préservation de cette forme sous la responsabilité exclusive des conteurs-chanteurs aveugles. Depuis la fin du XIXe siècle, ces narrateurs aveugles deviennent rares. Récemment des chercheurs prenant conscience de la valeur de ce trésor vivant contribuent à conserver la forme authentique.
Les marionnettes font leur apparition dans l'île de Sado, au début du XVIIIe siècle, grâce à Suda Gorozaemon qui part à Kyoto pour apprendre l'art de la manipulation et qui revient avec tout un théâtre de marionnettes.
Au début, les marionnettes se présentaient sur une scène simple consistant en un bandeau de tissu bas, tendu face aux spectateurs, au-dessous d'un demi-rideau suspendu. Les pièces consistaient en un accompagnement gestuel des poupées sur le Sekkyo-Bushi, une récitation mélodique extrêmement triste qui se basait sur les thèmes bouddhiques de regrets. Pour éclairer de temps à autre, cette sombre atmosphère, répartie généralement sur cinq actes, un intermède comique interrompait la pièce entre le troisième et le quatrième acte : cet intermède se nommait et porte toujours le nom de Noroma-Ningyo. Le Noroma-Ningyo diffère du Sekkyo-Ningyo, non seulement à cause du texte basé sur un comique gaillard et grivois, mais aussi parce que les manipulateurs jouent, dans ces intermèdes spéciaux, le rôle de narrateurs. C'est le manipulateur Noromatsu Kanbei qui le premier montra des marionnettes à tête plate et de couleur bleue (sans texte, si chanteur), qui décrivaient les exploits de différents personnages (ces interruptions furent si appréciées qu'elles persistent toujours et tournent autour du personnage de Kinosuke, une sorte d'idiot de village, qui se tire pourtant finement de situations embarrassantes et qui pour finir exhibe son sexe énorme devant les spectateurs et pisse sur eux).
Avant le XIXe siècle, les fêtes religieuses des temples et des endroits sacrés, au cours desquelles les Sekkyo-Ningyo et Noroma-Ningyo se produisaient, n'étant pas très fréquentes, les conteurs aveugles itinérants spécialisés dans le Bunya-Bushi se rendaient dans les demeures les plus riches de l'île, en particulier au cours de la période allant de la mi-octobre au début mars, quand les activités agricoles devenaient moins importantes. Là, au cours de soirées, où se réunissaient le voisinage, grâce à un accompagnement de shamisen (guitare japonaise, aux cordes touchées avec un grand plectre de bois), ils contaient les ballades faisant partie du "Heike Monogatari" (littérature orale japonaise classique du XIIIe siècle) pour régaler leurs hôtes.
Au cours de la première période Meiji, à la narration les conteurs joignent la manipulation des marionnettes. Des innovations marquent cette évolution. Aux simples bandeaux d'étoffe tendus transversalement devant le public, se substitue une scène plus compliquée avec un palais miniaturisé. Les marionnettes à tête amovible, utilisées aux premiers jours à titre expérimental, deviennent de plus en plus nombreuses. Les costumes prennent plus de volume. Les trous dans le dos des vêtements des marionnettes s'élargissent pour donner une meilleure prise au manipulateur qui suscite les mouvements.
Avec un répertoire de plus en plus attrayant, une scène élaborée, des marionnettes plus raffinées, ce "nouveau" Bunya-Ningyo devient extrêmement populaire. Un document de 1882 atteste cette popularité. "Les marionnettes de Bunya, de l'île de Sado, jouent, sans interruption cinq jours et cinq nuits".
Il va sans dire que les autres formes de marionnettes de l'île, depuis cette date, s'adaptent, plus ou moins au style de Bunya. Cependant, malgré cette suprématie du genre, il n'existe plus dans l'île de Sado qu'une compagnie de Sekkyo (comprenant le Noroma-Ningyo) et six compagnies de Bunya-Ningyo.

La forme du Bunya-Ningyo
Au service d'une marionnette se tient un marionnettiste (et non pas trois comme dans le théâtre de Bunraku). Ce marionnettiste ne porte généralement pas de cagoule de gaze.
Il manipule à visage découvert. Le conteur souvent joueur de Shamisen s'accompagne lui-même, joue et parle derrière le rideau.
Les premières marionnettes avaient la tête et le cou taillés d'un seul bloc dans le bois sculpté. Ultérieurement, la tête se détache du cou. Un axe tenu par en dessous, par le manipulateur permet à la tête de s'incliner, de hocher, de tressaillir, de tomber sur la poitrine, de se redresser. L'axe tordu passe par l'omoplate de la marionnette. Les vêtements fait de soies précieuses, vieillies, aux couleurs riches et assourdies s'enfilent les uns par-dessus les autres. Des pièces d'armure, faites de plaques de carton cousues, pendant de part et d'autre du vêtement. La main droite de la marionnette correspond à la main droite du marionnettiste. La petite main de bois au poing fermé est reliée à la main humaine par un bâtonnet. Dans la main gauche de la marionnette, percée d'un trou pour pouvoir tenir un sabre ou une lance, le marionnettiste contrôle l'extrémité de cette tige ainsi que l'axe qui passe dans le cou de la poupée.
Contrairement aux marionnettes du Bunraku, dont les mouvements de jambes rythment l'espace, et les marionnettes du Kurama-Ningyo, dont les talons sont reliés aux orteils des manipulateurs, assis sur de petits tabourets mobiles), les poupées du Bunya-Ningyo n'ont pas de jambes. Le vide du corps de structure autour des soies du Kimono qui pend jusqu'au niveau du rideau. Chaque marionnette pèse, habillée, environ sept kilos. Le bois, dans lequel le marionnettiste la sculpte, se nomme le "Kiri". Le sculpteur, souvent marionnettiste lui-même, la sculpte "de façon à ce qu'elle ne craque pas pendant des siècles".

Le répertoire du Bunya-Ningyo
La plupart des pièces interprétées dans le théâtre de Bunya-Ningyo appartiennent au "Heike Monogatari", le grand cycle de contes épiques médiévaux rapportant la relation de batailles fameuses entre le clan Taira et Minamoto, propulsés graduellement, à la cour des nobles de Kyoto, jusqu'au rang de grands guerriers des provinces. Les deux clans, assez éloignés de la famille impériale, établissent peu à peu leur fortune en prenant le pouvoir dans les états environnants et en devenant eux-mêmes des souverains. Ces guerres se déroulent entre le XIe siècle et le XIIIe siècle.
Le "Heike Monogatari" représente la première compilation de légendes épiques à la fin du XIIIe siècle, bien après la fin des événements belliqueux entre les deux grandes familles. Dans ces légendes abondent, les récits de bataille, les histoires d'amour, les narrations généalogiques brillantes, accompagnés à l'origine sur le Biwa des chanteurs aveugles. Le "Heike Monogatari", issu de la tradition, devient immédiatement populaire et le reste aujourd'hui. Rien d'étonnant à ce que les théâtres japonais (Nô, Bunraku, Kabuki) y puisent la matière essentielle pour séduire le public.

Moritaro Hamada
Moritaro Hamada, né avec le siècle en 1900, est marionnettiste depuis l'âge de douze ans. Sa compagnie, le théâtre Han'eiza, demeure parmi les plus actives de l'île de Sado. Lui-même devenu maître et "trésor vivant", depuis plusieurs décennies, enseigne à Sado la sculpture et la manipulation des poupées. Devenu un des personnages légendaires de l'île, il refuse de parler de lui : "C'est la marionnette qui est importante", insiste-t-il lorsque des questions l'assaillent sur l'évolution de sa propre vie.
Monitaro Hamada voyage peu. En 1979, il fait sa première tournée aux Etats-Unis et au Canada. En 1980, il part en Chine. Aujourd'hui, la compagnie Han'eiza est invitée en France, en Hollande et en Italie.

Les oeuvres présentées
1. Benkei sur le pont
2. La bataille d'Awazugahara
3. Ikijizo (répertoire du Noroma-Ningyo - Intermède comique)
4. La maison du plaisir de Kanzaki

Les artistes
- Hamada Moritaro
- Homma Hisao
- Higuchi Gorokitchi
- Madame Honda Sakaï
- Kajihara Keisuke
- Kazama Chiteru
- Madame Sasaki Teruyo
La venue en France du Théâtre Bunya Ningyo a été organisée au Japon par Bertrand Raison et Ishida Kazwo.
Les textes du programme ont été rédigés par Françoise Gründ d'après les notes de Moritaro Hamada, Yoko, Georges Hlawatsch et Bertrand Raison.
La tournée en Europe du Théâtre Bunya Ningyo a été réalisée par le Comité pour les Arts Extra-Européens (E.E.A.).

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  • Title: Marionnettes Bunya Ningyo. Marionnettes Bunya Ningyo.
  • Creator: Moritaro, Hamada, Dumontier, Jean-Paul
  • Date Created: 1983-05-24, 1983-05-24
  • Location: Japon
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