C’est en 1994, qu’Hiramatsu Reiji découvre les « Grandes Décorations » de Claude Monet au musée de l’Orangerie. Il décide alors de se rendre à Giverny pour visiter la maison et le jardin du maître de l’impressionnisme français : « Je fus pris d’une violente émotion. Il me sembla que si l’on pliait ces toiles toutes en largeur, on obtiendrait des paravents. Je me demandais ce qui avait bien pu pousser Monet à prendre pour motif l’étang, les nymphéas […] sur des toiles d’un tel format. Je pris la décision de me rendre à Giverny pour résoudre cette énigme. Je fis maintes fois le tour de l’étang et j’eus brusquement l’impression que Monet lui avait sciemment donné la forme d’un miroir à main, tant prisé des Japonais de l’époque d’Edo. » (Hiramatsu Reiji propos recueillis par Brigitte Koyama-Richard, « Hiramatsu Reiji, l’hommage d’un peintre de nihonga à Claude Monet », Hiramatsu, le bassin aux nymphéas. Hommage à Monet, cat. exp., Giverny, musée des impressionnismes, Gand, Éditions Snoeck, 2013, p. 26) Les paysages d’eau et de reflets deviennent dès lors l’un de ses motifs de prédilection. L’artiste s’essaye à de nouveaux formats et adopte le tondo utilisé par Claude Monet en 1907 et 1908.
En 1909, le critique Roger Marx analysait ainsi le changement opéré dans l’œuvre de Monet : « Plus de terre, plus de ciel, plus de borne maintenant ; sans réserve l’onde dormante et fertile couvre le champ de la toile ; la lumière s’épanche, joue gaiement à sa surface que jonchent des feuillages vert-de-grisés ; les nénuphars en surgissent et, superbes, ils érigent vers le ciel leurs corolles blanches, roses, jaunes ou bleues, avides d’air et de soleil. Ici, le peintre s’est délibérément soustrait à la tutelle de la tradition occidentale ; il ne cherche pas de lignes qui pyramident ou qui concentrent le regard sur un point unique ; le caractère de ce qui est fixe, immuable, lui semble contradictoire avec le principe même de fluidité ; il veut l’attention diffuse et partout répandue. » (Roger Marx, « Les Nymphéas de M. Claude Monet », Gazette des Beaux-Arts, juin 1909, p. 525-526).
Vanessa Lecomte