Moïse et le serpent d'airain

On sait encore peu de choses sur Nicolas Chaperon : d'abord élève de Vouet, il est très tôt influencé par Poussin, comme en témoigne la série des Bacchanales qu’il grave en 1639. Il se rend à Rome vers 1642 où Poussin le charge de copier la Transfiguration de Raphaël pour Chantelou. En 1649, Chaperon publie 54 gravures d'après les Loges de Raphaël qui constitueront leur reproduction la plus appréciée dans les ateliers durant deux siècles. En 1651, il reçoit la commande du nouveau décor de l’Hôtel de Ville de Lyon mais il meurt peu après son arrivée et c'est Thomas Blanchet qui réalisera cette commande monumentale. Ce beau tableau, acquis par le musée en 1998 et qui a suscité la première exposition monographique sur l’artiste, rend bien compte de la double influence dont est tributaire Chaperon : celle de Vouet et celle de Poussin. Au premier, on peut rattacher le goût pour les entrelacs de corps et de draperies, et cette manière de placer au premier plan - en repoussoir - sur un angle de la composition, une figure ; au second, l'intérêt pour le paysage et le rendu déthéâtralisé de l'action. Mais si cette œuvre, que Chaperon a sans doute exécutée dans les premières années de son séjour romain, témoigne encore de sa dette vis-à-vis de ses maîtres, elle possède déjà l'esprit de son art, notamment dans son dessin enlevé et les tons en demi-teinte de sa gamme colorée, qui trahissent sa familiarité avec la gravure, genre où il excella.