Bien que l’inscription portée sur le socle désigne la figure sous le nom de Lyssia, il faut voir en elle l'évocation de Nyssia, femme de Candaule, roi légendaire de Lydie, dont l'histoire, rapportée par Hérodote, inspira La Fontaine, puis Théophile Gautier. Le roi avait eu l’imprudence de montrer sa femme nue à son favori Gygès. Celui-ci, à l’instigation de la reine, qui vengeait ainsi sa pudeur outragée, l’assassina et lui succéda. Le thème avait été peu illustré avant que Pradier n’en livre une représentation magistrale au Salon de 1848. Alors que figure de Pradier se tient debout dans sa chaste nudité, préoccupée par sa seule toilette, la statue de Lepère révèle par la position déséquilibrée du corps, une certaine inquiétude liée au drame qui se noue. La jambe droite fléchie, le pied posé sur un petit tabouret à pattes de lion, la jeune femme tente de rattraper le tissu qui cache en partie le vase destiné à sa toilette, afin de draper son corps dénudé. Le visage levé, elle ramène sur sa poitrine sa chevelure qui couvre une de ses épaules et cascade dans son dos. Exposée au Salon de 1858, l’œuvre achetée par l’état, fut déposée au musée de Nîmes en 1863.