Parmi les innombrables expression du spectacle vivant au Kerala, le Pava Kathakali mérite d'être connu à cause de ses qualités artistiques et esthétiques. Cette forme de théâtre se situe dans le district de Palghat et aux alentours. C'est au cours du XVIIIe siècle qu'est né le Pava Kathakali. Le mot Pava signifie marionnettes et Kathakali, histoire jouée. Lorsque le Kathakali, ce fameux drame-dansé du Kerala devint célèbre à Palghat, il influença tout naturellement les marionnettes à gaine. Depuis, la forme n'a cessé de se développer.
Les marionnettes appartiennent à un petit nombre de familles des villages de Paruthipully qui ne sont pas originaire du kerala. Leur langue maternelle, le Telugu indique que leur ancêtre émigrèrent de l'Andhra Pradesh jusqu'à Palghat, il y a quelques siècles. Aujourd'hui, les marionnettistes parlent le Malayalam en dehors de leur foyer et sont généralement appelés les Andipandaram. Jusqu'à la génération précédente, ils étaient des professionnels reconnus dans les villages de Paruthipully. Malheureusement, cette expression entra dans une sorte de décadence et fut sur le point de disparaître. C'est vers 1981 que trois hommes dont G. Venu, reconstituèrent les répertoires et restaurèrent les marionnettes. Depuis, le Pava Kathakali reprend de la vigueur au Kerala et à l'extérieur de l'état.
Les marionnettes du Pava Kathakali
Basé sur le même répertoire que le Kathakali d'acteurs-danseurs, (le Ramayana et le Mahabharata le Pava Kathakali, emploie aussi les mêmes musiciens, joueurs de tambours et vocalistes.
Les marionnettes à gaine, à tête de bois, somptueusement vêtues et maquillées, dansent avec les mêmes caractéristiques que les acteurs. Les monteurs manipulent à vue, derrière une longue table sur laquelle brûle la flamme de la lampe de cuivre. Comme les marionnettes ne possèdent pas de jambes, les montreurs martèlent le sol à la place de leurs poupées. Il s'agit d'un spectacle fascinant qui, depuis le XVIIIe siècle, attire dans les villages du Kerala, autour de Palghat, des familles entières qui s'installent en plein air, surtout après les récoltes, et passent la nuit à écouter et à voir l'histoire de leurs héros et de leurs dieux.
1ère partie: Kalyana Saugandhikam. (Le jeu de la fleur saugandhika)
Panchali (ou Draupadi), l'épouse commune des cinq Pandava, respire un jour le parfum d'une fleur délicieuse appelée Saugandhika. La montrant à un de ses maris, Bhima, elle lui demande d'apporter quelques unes de ces fleurs. Désireux de satisfaire le moindre désir de sa bien-aimée, Bhima se met aussitôt en route, à la recherche de l'objet convoité.
En chemin, Bhima se trouve en face d'un vieux singe étendu de tout son long sur le sentier et empêchant Bhima de continuer sa route. Bhima ordonne au singe de s'écarter pour le laisser passer. Celui-ci refuse. Bhima se jette sur lui pour le pousser, mais le corps du vieux singe devient dur et lourd comme un roc et Bhima tombe épuisé sur le sol. Il s'aperçoit alors qu'en réalité, le vieux singe, n'est autre que son frère aîné, le général des singes blancs, Hanuman, qui bloquait le chemin pour l'éprouver. Bhima présente ses excuses et implore le pardon d'Hanuman pour son indiscrétion. Il demande encore à Hanuman de lui apparaître sous la forme divine avec laquelle il fit le grand saut entre l'Inde et Sri Lanka pour délivrer Sita (l'épouse de Rama, dans l'épopée du Ramayana). Hanuman amusé, s'exécute et indique à Bhima la route vers les jardins de Kubera où pousse la fleur parfumée.
Bhima atteint les jardins qui sont défendus par des démons les Yaksha. Il se bat contre eux et triomphe.
Kubera apparaît et donne à Bhima autant de fleurs Saugandhika qu'il peut en porter. Bhima revient triomphalement près de sa femme chérie et orne sa chevelure avec les fleurs conquises.
2ème partie: Dakshayagam
Daksha, fils du Dieu Brahma et beau-père du Dieu Shiva est par nature arrogant, hautain et versatile. Shiva épouse sa fille adoptive Sati mais Daksha refuse de reconnaître, dans son gendre, le Dieu du Monde. Et même lorsqu'il le traite comme un membre de sa famille, il lui manifeste un respect limité. Cette attitude déclenche entre eux une hostilité manifeste.
Un jour Daksha décide d'organiser un Yaga, une grande fête propitiatoire avec sacrifices et repas cérémoniels. Il n'invite pas Shiva et pire, il prend la résolution de ne pas lui envoyer une part de la Prasada (offrande de nourriture) après la fête. Alarmés par l'offense, les dieux et les sages avertissent Daksha du danger, mais celui-ci persiste dans sa détermination d'insulter Shiva.
L'épouse de Shiva, Sati, demande à celui-ci la permission de se rendre à la fête sacrée pour essayer de rétablir une entente entre son père et son époux. Shiva objecte qu'elle n'est pas invitée. Elle persiste tout de même et se rend chez son père.
Dès qu'elle entre dans la salle de la fête, Daksha entre dans une violente colère et lui demande de quitter les lieux sur le champ. Il se met aussi à injurier Shiva. Lorsque Sati entend les mots injurieux destinés à son mari bien-aimé, elle supplie son père de se taire. Daksha la menace alors de la faire jeter dehors par ses serviteurs. Pour Sari, l'insulte et le chagrin sont trop grands. Elle se jette dans le bûcher du sacrifice et meurt réduite en cendres (Yoagani).
Le Bhutagana, esprits vassaux de Shiva, lui apportent la nouvelle. A ces mots la colère de Shiva devient démesurée. Il jette son Jata (coiffure de serpents et de cheveux) sur le sol et créé ainsi Virabhadra, un terrible démon géant. Celui-ci se rend avec les esprits de Shiva dans la salle des fêtes. Ils détruisent la salle, coupe la tête de Daksha et la jette dans le feu du sacrifice.
Les sages accourent auprès de Shiva et approuvent la punition de Daksha mais demandent en même temps sa résurrection afin qu'il puisse terminer la fête (un Yaga ne peut rester interrompu). Shiva place alors une tête de chèvre sur le corps de Daksha et le ressuscite.
Daksha-à-tête-de-chèvre humble et repentant vient se prosterner aux pieds de Shiva. Il implore son pardon et commence à chanter ses louanges.
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