L'appartenance aux collections royales de ce pistolet repose sur son identification avec le descriptif du N° 227 de l'Inventaire, sur lequel est notamment mentionnée l'inscription latine gravée sur la médaille fixée à son revers. Sa construction tout en métal et son décor très luxueux l'intègrent à un groupe de pièces spécifiques relevant d'une typologie rare en France pour l'époque.
Le canon de faible calibre, à la façon des armes à feu françaises, est séparé en plusieurs zones définies par d'abondants décors incrustés. La platine, de dimensions réduites, est modelée autour du rouet que soutient une bride semi-circulaire dessinant la silhouette d'un terme féminin. La monture, directement inspirée des modèles d'Allemagne du Sud, qu'équilibre un lourd pommeau hexagonal vraisemblablement lesté et originellement pourvu d'un anneau de suspension, était anciennement entièrement bleuie, des motifs incrustés d'or et d'agent s'en détachant, traçant notamment des filets et autres palmes avec harmonie. Sur le revers, l'axe du rouet émerge au centre d'une médaille dorée gravée d'une composition allégorique illustrant le thème du soleil venant frapper un trophée de ses rayons et que cerne l'inscription « Ex reverberatione Splendidior ».
Par le passé, une poignée d'historiens des armes anciennes, Laking, Lenk, ensuite Hayward, a classé plusieurs pièces dont celle-ci dans une hypothétique manière « française ». Plus concrètement, Blair a découvert, sur un inventaire médicéen daté de 1639 et publié postérieurement par Boccia et Clho (1968), la mention de plusieurs pistolets réalisés « alla franzese tutte di ferro » par le célèbre orfèvre Gasparo Mola (1580-1640).
La référence au thème du Soleil qui participe de la mythologie traditionnelle d'Apollon, adaptée au monarque, n'est pas exceptionnelle en France vers 1600 ; dans les images métaphoriques du prince, le Soleil « est la vive image des Roys ».