Cette arme à l'emblématique de Louis XIII correspond donc à une commande personnelle du souverain. Le canon circulaire sur l'ensemble de sa longueur est ceinturé au niveau du tonnerre de deux renforts cannelés et s'achève, à la bouche, sur une double moulure ciselée constituée par des godrons stylisés. Le poinçon (Stöckel, a 3533) insculpé au tonnerre, apparaît sur deux autres pièces du musée de l'Armée figurant à l'Inventaire, le mousquet à mèche M 395 (N° 367, également au chiffre de Louis XIII) et le pistolet 2847 PO (inv. N° 52) dont le canon offre la même construction spécifique que l'exemplaire considéré sur cette notice. Au musée de l'Armée de Varsovie, Polskiego Warszawie Muzeum Wojska, est conservée une arquebuse à rouet provenant du cabinet (N° 5, inv. 417) qui porte le même poinçon au canon et dont la queue de platine est également gravée d'une croix de l'ordre du Saint Esprit.
Au centre de la platine, gravée sur le prolongement de la représentation d'une croix de l'ordre du Saint Esprit, le rouet, retenu par le seul emboîtement de son bassinet, se caractérise par son épaisseur inusitée (« d'une double roue ») qu'allège une forte dépression, particularité analogue à celle observée sur le mécanisme de l'arquebuse M 104. Au revers, la contre-platine dessine les contours d'une flèche inversée.
La monture en bois de poirier rouge est délicatement sculptée et s'achève sur un lourd pommeau cylindrique à côtes. L'embout de la baguette en laiton est orné de motifs floraux, de trophées qui intègrent à deux reprises le « L » sous couronne. Le descriptif de l'Inventaire royal précise également l'existence, à l'extrémité du pommeau, d'une calotte en cuivre doré gravée des armes de France, à laquelle on a substitué postérieurement l'actuelle pastille en fer gravé.
Le collectionneur et expert R.-J. Charles classait cette pièce dans la production « lorraine » ; argumentons cette hypothèse en mentionnant le long appendice arrière de la mâchoire supérieure du chien qui relève des particularités techniques et ornementales germaniques et observons que des influences similaires apparaissent sur les deux autres pièces du musée insculpées du même poinçon.