Rubens fut incontestablement le chef de file de l'école flamande dans la première moitié du XVIIe siècle.
Formé dans l'atelier d'Otto Venius, il séjourne en Italie de 1600 à 1608. À son retour en Flandres il s'installe à Anvers, et s'entoure dès lors de collaborateurs prestigieux : Antoon van Dyck, Jacob Jordaens, Bruegel de Velours, Frans Snyders... L'atelier de Rubens est alors assurément l'un des plus important d'Europe.
Rubens, surtout à partir de 1626, fut également investi de nombreuses missions diplomatiques qui l'ont conduit notamment en France, en Espagne, en Angleterre et en Hollande.
Marcelliano de Barea (Avila, 1601-1658) ainsi que son frère Eliodoro (mort en l660), tous deux capucins, furent étroitement mêlés à l'histoire politique flamande, à un moment où les Flandres étaient encore sous domination espagnole. Les deux frères ont séjourné aux Pays-Bas méridionaux, et renseignaient les autorités sur les agissements anti-espagnols d'une partie de la noblesse flamande.
Rubens réalisa le portrait de chacun des deux frères (celui d'Eliodoro est conservé dans une collection new-yorkaise), probablement après 1630.
Les portraits exécutés par Rubens ne sont pas si nombreux dans les collections publiques françaises, et le musée des Beaux-Arts de Nîmes peut s'enorgueillir d'en posséder un très bel exemplaire.
Marcelliano de Barea est représenté à mi-corps, dans une attitude presque hiératique tandis que Rubens a su capter l'énergie vitale du personnage. De la sévère et rugueuse toile de bure, grossièrement taillée et montée, émerge le visage encore jeune du capucin, dont les lèvres retiennent difficilement un sourire narquois et dont les yeux pétillent de vie.
Ce portrait, à la fois solennel et intime, est brillamment brossé d'une facture fluide et sûre par un Rubens en pleine possession de son art.