Elève à l’Ecole des Beaux-Arts en 1839, élève de Delaroche, Jalabert échoua au Prix de Rome et se rendit à Rome à ses frais. Il exposa au Salon de 1847 à 1880, reçut la Légion d’honneur en 1885. Théophile Gautier dit de Jalabert : « Le talent de cet artiste a quelque chose de tendre et de délicat, de féminin qui charme et vous empêche de lui désirer plus de force. En 1839, Jalabert écrivait : « Je ne serai point un grand peintre, mais j’atteindrai qui, quoique de second ordre, sera apprécié par sa distinction ». Après 1963 il produisit presque uniquement des portraits. Il fut invité en janvier et février 1865 à se rendre en Angleterre pour peindre les portraits du comte et de la comtesse de Paris (Eu, musée Louis-Philippe) dans leur résidence de Twickenham, York House. Il fit alors la connaissance du duc d’Aumale, puis en juin du duc et de la duchesse de Chartres qui l’invitèrent aux courses à Ascot le 30 juin 1865. En juin et juillet 1866, le duc d’Aumale l’invita dans sa demeure d’Orleans House à Twickenham, pour y peindre son portrait et celui de son épouse, ainsi que celui de son fils le duc de Guise et de sa nièce Marguerite d’Orléans, fille du duc de Nemours et fiancée de son fils aîné le prince de Condé, alors en voyage en Australie. Pendant les séances de pose, le couple apprit la mort de leur fils Condé, emporté par la fièvre jaune à vingt-et-un ans. Jalabert écrit : « le duc d’Aumale en a vieilli de vingt ans en un jour. Je ne sais ce qui va résulter pour moi de ce triste événement ; il m’aurait fallu encore une semaine pour avancer convenablement mes portraits. » Ces portraits étaient destinés au défunt prince ; les deux époux prirent sur eux pour continuer à poser malgré leur deuil. Jalabert raconte comment le duc d’Aumale, accablé de douleur, se servit de la politique pour se distraire de sa peine. Les tableaux furent achevés à Paris début 1867. Ils furent admirés dans l’atelier de l’artiste par de nombreux visiteurs venus admirer le portrait des exilés, puis envoyés à Londres fin mars. Les deux pendants ont été acquis en 1997 par les Amis du musée Condé, pour le centième anniversaire de la mort du duc d’Aumale.