Croix pattée processionnelle

La croix processionnelle que l'on a trouvée au monastère de Sant Joan de les Abadesses, celle de la Confrérie du Trésor de la cathédrale de Girona et celle de la collégiale de Santa Maria de Vilabertran sont, jusqu'à nos jours, les premiers exemples connus de la séquence chronologique de l'orfèvrerie gothique catalane. Toutes trois ont été réalisées dans une même ville, Girona, comme l'accrédite le poinçon dont elles sont marquées. Elles offrent la même disposition trapézoïdale et sont décorées de médaillons circulaires de tradition clairement romaine et romane que les croix de cette époque, à caractère triomphal, présentent en général. On peut dater la fabrication de toutes les trois du premier tiers du XIVe siècle. La forme générale archaïque et la correction absolue des détails caractéristiques des meilleurs décorateurs du quatorzième siècle s'y marient. Les bras de la croix du Museu Episcopal de Vic sont lisses, sans ornementation qui, elle, se limite aux plaques d'émail des médaillons circulaires qui apportent des précisions au sens de la passion et de la rédemption du Fils de Dieu. Sur l'avers, entourant de part et d'autre un Christ d'époque cloué sur la croix par trois clous, portant une couronne d'épines et ceint d'un linge qui lui couvre presque les genoux, nous voyons la 'Mater dolorosa' et saint Jean. Au-dessus de lui un pélican et, à ses pieds, le père Adam sortant de la tombe. Sur le revers de la croix, au centre, apparaît l'Agneau mystique, entouré des symboles des quatre évangélistes. Tous ces émaux sont obtenus grâce à des bas reliefs précis sur lesquels les couleurs de la pâte vitreuse brillent de manière discontinue. Les formes sont inspirées de celles dérivées du style italien de Sienne.