DE PARLER TROP,
lent pas comme Plotine , afin
d'acquerir ce qu'elle a de bon,
& de perdre ce qu'ils ont de
mauvais. Aimer l'entretien des
honneſtes Gens, reprit Emile;
& n'en voir guere d'autres. Car
aprés tout, il n'appartient point
aux Livres d'apprendre à parler:
& ceux qui ſe contentent de
lire, pour eftre propres à la
converſation , s'abuſept étran-
gement ; & ne ſçavent pas
à quoy la le&ure eſt bonne.
Elle eft, ſans doute , neceſſai-
re à parer l'eſprit ; à regler les
mours ; & à former le juge-
ment : Elle peut meſme fer-
vir à apprendre une Langue,
Mais pour l'agrément du lan-
gage : la converſation toute
feule le peut donner. Encore
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OU TROP PEU, &c.
faut-il, que ce foit une con-
verſation de Gens du monde,
dont les Femmes faſſent la
plus grande partie. Autrement
y auroit quelque chofe de
trop élevé, de trop ſçavane,
de ſec, de rude, ou daffecté,
en ceux qui voudroient regler
lears façons de parler par ce
qu'ils lifent. Car comme ordi-
nairement les Livres ne par-
lent
t pas, comme les Gens par-
lenc en converſation : il ne
faut pas non plus parler en
converſation, comme les Li-
vres. Tour de bon , die Plo-
tine , je m'étonne que tout le
monde ne fonge à apprendre
à bien parler; puis quil n'y a,
ce me ſemble, rien de plus
aiſé à faire, que d'eftre tou-
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