Pieter Coecke van Aelst apparaît comme une figure marquante de l'art flamand de la première moitié du XVIe siècle. Il fut en effet l'un de ceux qui introduisirent en Flandres les enseignements issus de la Renaissance italienne.
Esprit curieux et inventif, il effectua un long séjour en Turquie en 1533, puis commença à publier des traductions en français et en flamand des Livres d'Architecture de Sebastiano Serlio.
Saint Luc peignant la Vierge est à dater des années 1535/1540, donc de la maturité de l'artiste. Ce grand panneau s'inscrit partiellement dans une tradition iconographique flamande issue du siècle précédent. Mais les innovations apportées par Coecke l'emportent largement sur les éléments de fidélité à la tradition flamande. C'est en effet plutôt l'exemple italien de quelques maîtres contemporains de l'artiste qui vient ici à l'esprit, le groupe de la Vierge à l'Enfant évoquant notamment l'art de Raphaël.
De même, la sobriété classicisante de l'architecture, aux lignes très pures et à la perspective rigoureuse, nous rappelle l'intérêt de Coecke pour Serlio. Cette architecture évoque à la fois un superbe palais profane, mais également un atelier de peintre : derrière saint Luc, à gauche de la composition, un jeune homme est en train de broyer les couleurs à l'aide d'un mortier, évoquant la répartition des tâches entre maître et élève.
A proximité du peintre, entre les montants du chevalet, apparaît une tête de bœuf, symbole de saint Luc évangéliste. A droite de la composition, se trouve une fenêtre devant laquelle est posée, bien en évidence, une pomme, fruit rappelant la mission christique. Enfin, à travers la large arcature centrale se déploie un paysage évoquant le siège d'une ville : un campement militaire dont les tentes aux toits coniques semblent un souvenir rapporté par Coecke de Turquie, et, plus loin, un château médiéval. Ceci évoquerait l’opposition entre Chrétiens et Musulmans.
You are all set!
Your first Culture Weekly will arrive this week.