Ce lé de soie appartient à un ensemble d’objets et de documents plus vaste, représentatif de la chaîne opératoire de fabrication du brocard de soie, fleuron de la production syrienne. L’ensemble a été collecté en Syrie, à Damas, Alep et Homs, entre 2001 et 2010. Il s’agit donc d’une production contemporaine, qui témoigne cependant de la pérennité des savoir-faire ancestraux dont les motifs du répertoire oriental (calligraphies, scènes de chasses et de courtoise, jardins d’Eden) seraient d’origine persane.
C’est dès le VIe siècle apr. J.-C. que la culture du ver à soie fut introduite de Chine en Méditerranée, aux débouchés de la route de la soie, en particulier à Alep. La période islamique fut très dynamique et les ateliers syriens figuraient parmi les plus réputés. Seuls quelques ateliers renommés, dont le célèbre Mezannar fondé à Damas en 1940 avec vingt-quatre métiers à tisser à mécanique Jacquard, perpétuaient il y a quelques années la fabrication longue et délicate du brocart de soie. Aujourd’hui, divers menaces planent sur ce patrimoine fragile. Très récemment, seuls quelques tisserands perpétuaient la tradition, sans l’assurance d’une relève familiale. De surcroît, la soie naturelle est concurrencée par la soie artificielle. Enfin, ces ateliers sont désormais détruits ou désertés du fait de la guerre qui touche la Syrie.
Bien documenté, cet ensemble de qualité exceptionnelle témoigne de savoir-faire emblématiques devenus fragiles et en voie de disparition dans la Méditerranée orientale.