LE PALAIS DES PAPES
Mai lou palai pountificau
Ero entre touti sense egau.
MISTRAL
L'« Aile du couchant >>
du
Palais des Papes
P.
HILIPPE LE BEL règne en France. Clé-
ment V est Pape, mais un Pape déra-
ciné, errant, sans défense contre la volonté
royale. L'agitation de l'Italie, les désordres
de Rome lui interdisent le retour dans sa
ville et, pour échapper à l'hospitalité de
plus en plus tyrannique du Roi de
France,
Clément V élit domicile en Provence, aux
portes de Comtat Venaissin, propriété
d'Eglise depuis 80 ans.
Mais ni lui, ni son successeur, Jean XXII,
ne veulent faire d'
Avignon un séjour défi-
nitif; on espère chaque jour le retour à
Rome, la cour pontificale vit tournée vers
l'
Italie et fait pour la rejoindre quelques
timides tentatives, d'ailleurs infructueuses.
Benoit XII, lui, s'installe à Avignon.
Benoit XII, le pieux, le ferme, le mo-
deste, qui pousse, dit-on, l'humilité jusqu'à
s'écrier: « Vous avez élu un ane >> en
apprenant son élection, Benoit XII, dont le
le blason nu étonne les hautes murailles
du Palais, veut créer un palais apostolique
soit une résidence et une place forte,
et il entreprend graduellement la recons-
truction de l'ancien évêché.
qui
Il fait appel à des architectes, tous provençaux. Les travaux sont confiés
à un « maître d'oeuvres » qui recrute ses aides sur place. Pas de main-d'oeuvre
servile ni de corvées, quelques manoeuvres étrangers pour les gros travaux.
Les matériaux sont aussi fournis par le pays. Peu à peu, s'élèvent la Grande
Tour, appelée maintenant Tour des Anges, que le Pape a fait construire
« grande et carrée à son image », dit un chroniqueur du temps, la Tour de
la Campane ou de la Cloche, démunie d'oubliettes, ou de souterrains, quoiqu'en
ait dit la légende. Ses caves servaient seulement d'entrepôts aux richesses
apostoliques. Le Palais doit à Benoit XII les deux tiers de ses constructions.
Dans la cour, sauf l'aile droite et l'aile en façade, tout le reste est de lui.
C'est la partie solide, à l'allure de forteresse, que les ans n'ont pu entamer.