Émile Bernard a vingt ans lorsqu’il réalise cette pochade tellement synthétiste qu’elle résume à elle seule l’esthétique de Pont-Aven. Arrivé à Pont-Aven en août 1888, Bernard y séjourne jusqu’en novembre et travaille de concert avec Gauguin. C’est une période d’intense activité créative. Il envoie régulièrement à ses parents des colis des toiles qu’il a réalisées sur nature. Ce sont de petits formats, faciles à expédier par le train. Ces oeuvres ne sont pas signées car ce sont des pochades destinées à l’élaboration de tableaux en atelier. Celle-ci est une étude pour la partie droite du tableau Le Blé noir : elle représente deux femmes portant le costume de Pont-Aven en train de dresser des gerbes de sarrasin pour les faire sécher. À la fin de l’été, avant la récolte, les tiges des plantes deviennent rouge vif, ce que le peintre a traduit en haussant la tonalité par des aplats rouges qui remplissent toute la composition.