Exécuté à partir d’un croquis dont les annotations précisent les valeurs de la composition, « Reflet de soleil sur la rivière » témoigne de la méthode de travail de Maurice Denis. En effet, pour composer ses œuvres, l’artiste s’inspire d’impressions saisies sur le motif, avant d’exécuter le tableau à l’atelier.
Denis élabore ici une harmonie froide de tonalités bleues, qui contrastent avec le jaune clair signifiant la lumière du soleil. Une promeneuse solitaire longe la rivière. Seule présence humaine habitant ce paysage, elle indique l’échelle de la représentation et confère à l’œuvre une grande sensibilité.
Denis s’intéresse à la représentation du soleil et au traitement de son reflet sur l’eau, comme l’atteste l’une de ses œuvres de jeunesse, « Taches de soleil sur la terrasse » (1890, Paris, musée d'Orsay), ainsi que ses écrits. Il s’attache le plus souvent à peindre la lumière rouge du crépuscule, dont les reflets sont rendus soit par une tache de couleur pleine, soit par des petites touches de peinture. En 1906, après sa rencontre avec Paul Cézanne, il écrit : « Tout l’art consiste à nous représenter nous-même, à traduire nos sensations en beauté, à faire, avec du soleil, de la couleur. » (« Chronique de peinture », L’Ermitage, no 12, 15 décembre 1906, p. 326).
Vanessa Lecomte